Pour ceux qui aiment lire en musique


Tout au long de cette critique, j'use et abuse de la fonction "lien". Serez prévenu.


Il y a quelques temps de cela, pris au piège de Sens Critique et ses recommandations (tu sais, les bannières film partenaire en haut de la page d'accueil), je cliquais benoîtement sur "envie de voir" un truc qui s'appelait Les Enquêtes du département V : Profanation. Faut dire que le type responsable du montage du trailer est vachement doué. Ça sent l'arnaque, pensai-je. Mais je dois dire que je suis assez fan de quelques films danois ces derniers temps, que ce soit Les Bouchers verts ou bien Adam's Apple et l'autre là... Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire... Non, celui là il est pas Danois. Danois, Suédois, je confond.


Toujours est-il que j'en parle autour de moi et on me dit comme ça que je suis pas à la page. Je répond ah, bon, mais pourquoi, mais sans trop y croire, parce que je pense que je suis à la page, moi, j'suis in
On me sort que c'est adapté d'un polar Danois d'un certain Jussi Adler-Olsen, et que la première enquête est déjà sorti. Bon, en vérité, moi et les polars papiers ça fait deux. Mais je veux pas perdre la face alors j'ouvre grand les yeux et " Sorti en film, déjà !" m'exclame-je alors "Impossible, faut que je vois ça." Je trouve une bonne poire pour le regarder avec moi (en V-O, j'suis un vrai, t'as vu clin d'oeil ), et c'est parti.


Le film est de facture classique, franchement, pas de quoi bondir au plafond. Dans une ville Danoise, Carl, un flic bourru et solitaire, un dur à cuire qui ne lâche rien, un peu porté sur la bibine et la déprime, se fait remiser au fond d'un placard à la suite d'une enquête qui a mal tournée. Il doit s'occuper des affaires classées, traduire : mettre un coup de tampon sur lesdits dossiers. Divorcé, le coquin n'a plus que son boulot et ne l'entend pas de cette oreille. Ayant pour assistant Assad, un flic moins Viking que les autres, il entreprend de faire correctement son travail et se penche sur le cas de Merete, jeune cadre dynamique disparue en mer il y cinq ans de cela et dont le cadavre n'a jamais été retrouvé.


Classique, oui, mais terriblement efficace. Si les personnages peuvent paraître un brin stéréotypés, ils sont admirablement bien campés par des acteurs impliqués. J'ai particulièrement apprécié la performance de Nikolaj Lie Kaas dans rôle fort éloigné de ses précédents films, en tout cas, les deux que j'ai vu. Fares Fares, qui incarne Assad, le fait sans fautes et sans brio. Cela est lié à l'écriture du personnage qui reste relativement en retrait, presque cantonné à un rôle de faire-valoir.


En tout cas, on ne la fait pas à Mikkel Nørgaard. De son film se dégage une impression de maîtrise parfaite, du début à la fin. Maîtrise du rythme, particulièrement. La tension ne retombe jamais, par le biais d'un processus narratif intéressant. On suit en parallèle l'avancement de l'enquête au présent et les faits et gestes de la victime au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête. Le suspens est toujours ménagé, ne retombe jamais et on a un climax final d'une grande intensité. On peut avoir une impression de déjà vu et peut être même que, si tu penses connaître la fin avant même de la voir, tu seras quand même collé au fond de ton canap', les doigts crispés fermement sur les accoudoirs. La faute à une mise en scène d'une grande efficacité. La photographie, notamment, est intelligente avec un jeu sur les ombres très travaillé donnant une impression de noirceur à de nombreux plans, même en plein jour. Côté bande son, rien à redire, elle souligne parfaitement les moments de tensions sans trop en faire, mais elle n'a rien de très marquante non plus. Elle "fait le taff", ni plus ni moins.


Je ne peux que conseiller ce film pour les amateurs de bons thrillers, de vikings, d'ambiance noire et glaciale, ou tout simplement de bons films. C'est certes classique, mais terriblement efficace.


Oh, pour finir :


Les scènes dans la chambre pressurisée sont particulièrement marquantes, entre lumière verdâtre et aveuglante blancheur. Avec son lot de passages qui, personnellement, me hérisse les poils tandis que je laisse échapper un "aiiieuuuh" de circonstance (je fais un autre bruit, j'arrive pas à le rendre en onomatopée, en image par contre).

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le 6 avr. 2015

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Petitbarbu

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