D'abord, le titre est assez trompeur car le film explore la légende tragique de Jim Morrison, rock star mythique des 60's, et parle peu du groupe des Doors qui a produit une musique un peu planante qui aura une influence manifeste sur la new wave anglaise et américaine. Les Doors reste comme le groupe de la côte Ouest des USA le plus représentatif de la vague de contestation et de désespoir des années charnières 1968-70. Oliver Stone n'a pas su montrer tout ceci de façon lisible.
Faire un biopic de Morrison représentait un sujet ardu où il a su quand même éviter le piège de la bio complaisante, mais il a trop insisté sur la dimension chamanique de Morrison et sur ses excès qu'il a exhibé sur l'écran comme un monstre de foire. La première partie du film montre un gentil bohème, absent, léger, fuyant et poète rimbaldien ; des séquences sont consacrées au mouvement hippie, avec des fleurs, beaucoup d'insouciance et des lignes de coke, et puis il y a cet acid trip dans le désert qui surprend et qui m'a laissé dubitatif.
Ensuite, c'est une succession de scènes "shocking" balancées avec complaisance, un univers planant traversé d'éclairs poétiques et de transes, la quête mystique d'une rock star qui passe par la drogue, l'alcool et le sexe, trip excessif et sulfureux dont on se lasse un peu, c'est dommage. Le scénario en devient confus, les acteurs ne sont pas toujours bien employés ou sous utilisés (Meg Ryan, Michael Wincott, Michael Madsen méritaient mieux), seules musique et chansons qui s'intègrent bien, la découverte du son Doors (lorsque le groupe compose "Light my fire"), et la restitution de certains concerts sont des points positifs. Parmi ce riche casting, Val Kilmer dans le rôle de sa vie en sosie troublant de Morrison, est littéralement habité par son personnage, c'est ce que je retiens aussi de ce film qui reste imparfait.