Les archives James Bond, dossier 7: La vallée des moumoutes

Quotient James Bondien: 5,58
(décomposé comme suit:)
 
BO: 6/10
Un John Barry à l'image des scénaristes, du roman d'origine, et des interprètes: un peu à sec, tournant un peu en rond. Aucune ligne mélodique réellement nouvelle ou mémorable. John s'en sort que grâce à son single…
 
Titre générique: 7/10
… Mais qui lui-même, en faisant appel à Shirley Bassey (c’est la première fois qu'un(e) interprète revient) ne sonne pas complètement nouveau. Cela dit, le morceau est impeccable, et s'inscrit dans la longue lignée des singles classieux de la série.
 
Séquence pré-générique: 5/10
Elle annonce assez clairement ce que sera le film: un objet un poil parodique qui n'a pas l'air de chercher réellement à se prendre au sérieux, et qui apparait d'entrée de jeu comme dénué de toute tension ou réel enjeu. Pour résumer, assez cartoonesque.
 
Générique: 4/10
Maurice Binder, pour son quatrième générique consécutif, semble à son tour totalement en manque d'inspiration. Sans ses fulgurances visuelles, le générique compile les corps dénudés avec des diamants scintillants sans âmes et des arrêts sur image (de chat, par exemple) assez grossiers.
 
James Bond Girls: 6/10
Jill St John ne s'est sans doute pas faite embaucher que sur de purs critères artistiques (voir la section pré-production) mais ne démérite pas pour autant. Quant à Lana Wood, c'est sans doute son rôle de playmate du mois dans Playboy qui lui a valu un rôle aussi rapide que pratiquement inutile. Au fond, ce sont surtout Bambi et PanPan (Lola Larson et Trina Parks) qui marquent les esprits, en assaillantes athlétiques.
 
Méchant(s): 6/10
Charles Gray n'a pas de chance: il fait un boulot respectable, surtout quand on considère qu'il succède à Donald Pleasence et Telly Savalas. On remarquera d'ailleurs qu'il avait déjà fait une apparition dans la série (là aussi, une première) mais comme le "gentil" agent Henderson dans On ne vit que deux fois. Simplement ici, comme le reste du cast, il est obligé de suivre un script qui ne semble jamais tout à fait croire à son propre matériau. Dans le registre, Mr. Wint et Mr. Kidd, les deux tueurs homosexuels, sont bien plus marquants et originaux.
 
Cascades: 6/10
Nous passerons rapidement sur les diverses poursuites (dans le désert, dans les rues de Vegas) qui, sans être désagréables, n'ont rien de bien passionnant à proposer, pour souligner la fameuse scène de la Ford Mustang sur deux roues (une cascade inspirée par Remy Julienne mais non exécutée par lui) qui change de côté d'une scène à l'autre.
 
Scénar: 5/10
Ce n'est pas un hasard si le roman adapté en septième position (pourtant un chiffre destiné à être spécial) soit un poil moins excitant que les six premiers. Les scénaristes explorent désormais ce qui pourrait ressembler à la deuxième division de la saga romanesque. Le matériel de base n'est donc pas totalement époustouflant (au vu des critères de la série cinématographie, qui réclame toujours plus de spectaculaire), et Tom Mankiewicz, nouveau membre de l'équipe, manque singulièrement de trouvailles originales. Et c'est le moins qu'on puisse dire que la première partie est assez peu cohérente.
 
Décors: 6/10
Ken Adam, absent d'Au service secret de sa Majesté, reprend du service et nous gratifie de quelques intérieurs dont il a le secret mais qui brillent eux aussi par leur côté légèrement déjà-vu (l'appartement de Willard Whyte, la plateforme pétrolière finale).
 
Mise en scène: 6/10
Guy Hamilton rend une copie propre mais sans réelle personnalité, et même presque fade. Assez loin en tous cas des fulgurances de sa première collaboration au sein de la série. On pourrait presque imaginer que le scénario ne l'a pas inspiré. Son travail avec Connery s'est fait dans la meilleure des ambiances, et les parties de golf se sont succédées tout le long du tournage (d'où cette impression de film un peu en vacances ? De routine ?)
 
Gadgets: 5/10
Ils sont aussi nombreux que peu mémorables. Il y a la tapette à doigts dans la poche intérieur du smoking de Bond, le pistolet à grappin, la bague magnétique pour déjouer les roulettes électroniques ou bien sûr les patchs à empruntes. Tous ces objets étant bien entendu prévus pour intervenir exactement au moment où il le faut, sans connaitre à l'avance les situations où ils pourraient être utiles.
 
Interprétation: 5/10
Les interprètes phares en roue libre, les nouveaux faisant comme ils peuvent (on a parlé de Jill St John), mais comment ne pas mentionner un énième Felix Leiter (Norman Burton) parfaitement inodore-incolore, un Willard Whyte (Jimmy Dean) pour le moins folklorique et un personnel du MI6 sans moment dignes de leurs talents ? Bref, aucun petit plaisir pour oublier les fadeurs du scénario.
 
 
JAMES BOND ROUTINE:
 
- Drague: Tiffany Case et Plenty O'Toole sont au menu cette fois, et la chose se fait assez mécaniquement, sans réelle étincelle.
 
- Plus loin que le bisou ? Sans doute pour satisfaire un public américain cœur de cible de cet épisode, James ne couche qu'avec une seule dame ici, puisque Plenty passe par la fenêtre avant d'avoir le temps de se mettre au lit. On peut raisonnablement estimer qu'on ne pourra jamais faire moins.
 
- Bravoure: Rien encore. Sean Connery interprété un James Bond peu héroïque, finalement.
 
- Collègues présents: Aucun.
 
- Scène de Casino ? Oui, et même au moins deux, si on s'en tient à la version classique (roulettes et jeux de cartes) du lieu. Pendant la scène de pré-générique, quand James pourchasse mollement Blofeld, et une fois arrivés à Las Vegas.
 
- My name is Bond, James Bond: Repassant derrière George Lazenby, Sean devait se sentir obligé de reposer les bases. Pour la première fois depuis Goldfinger, il se fend à nouveau de la formule magique. Dès le pré-générique. Il était temps.
 
- Shaken, not stirred: Pas cette fois.
 
- Séquence Q: Pas réellement. Si Q apparait dans trois scènes (au téléphone pour évoquer son gadget à empruntes, puis dans la chambre d'hôtel avec la modulateur de voix et enfin dans le casino pour venir à bout des bandits manchots) il n'a pas de ligne significatives ou notables.
 
- Changement de personnel au MI6: Non. Seul Felix Leiter continue traditionnellement de changer.
 
- Comment le méchant se rate pour éliminer Bond: Un nombre incalculable de fois ! On le met d'abord dans un cercueil destiné à la crémation, on le pose dans un tuyau de pipe-line au vu des ouvriers d'un chantier dans le désert, on l'envoie dans la cale de la plateforme pétrolière, et jamais Blofeld, qui le tient en joue pendant la moitié du film, ne se décide à presser la détente, sans que rien jamais ne justifie cette magnanimité. On ne parlera pas de la tentative grossière de la faire exploser à bord de la croisière finale, ou même de la façon dont on le vise avec des brochettes en feu. Tout ceci manque de sérieux, messieurs les méchants.
 
- Le même méchant tue-t-il un de ses sidekicks ? Pas cette fois. Un Blofeld en petite forme.
 
- Nombre d'ennemis tués au cours du film: 7 petits morts cette fois pour James Bond, qui tue comme il enquête: avec une certaine nonchalance.
 
- Punchline drolatique après avoir éliminé un adversaire ? "On peut dire qu'il est parti la queue entre les jambes".
 
- Un millésime demandé ? On parle d'un sherry Solera tiré d'une cuvée de 1851. Puis d'un Mouton Rothshild 55.
 
- Compte à rebours ? Oui, mais il a finalement suffi de sauter à l'eau pour lui échapper.
 
- Véhicules pilotés: Une Triumph Stag, une Jeep lunaire, une espèce de petit quad à trois roues, et une Ford Mustang Mach 1. Et un petit tour en Hovercraft.
 
- Pays visités: Japon, Egypte, France, Afrique du Sud, Hollande, Etats-Unis, et Mexique
 
- Lieu du duel final: Une plateforme pétrolière, et un paquebot de croisière.
 
- Final à deux dans une embarcation perdue en mer ? Si on considère qu'un navire de croisière est une embarcation, ça compte ! Par contre, si on précise que cette coque de noix doit être perdue en mer, c'est éliminatoire.
 
PRE-PRODUCTION
 
George Lazenby ayant, on l’a vu dans le dossier précédent, décidé de son propre chef de quitter l’aventure plutôt que de signer un contrat de 7 films, Albert R. Broccoli et Harry Saltzman se remettent en quête de la perle rare, avec toujours cette idée que de dénicher un inconnu comme l’étaient Sean Connery ou George Lazenby. Ils passent une bonne partie de l’année 1970 à chercher.
 
Avec une ligne directrice: il faut séduire à nouveau le public américain, qui a un peu boudé l’opus précédent (même si Au service secret de sa Majesté a engrangé de substantifiques bénéfices au niveau mondial). Et quel film précédent a cartonné en se passant aux États-Unis ? On essaie donc et sans surprise de faire Goldfinger 2, avec le scénariste, le réalisateur (on rappelle donc Guy Hamilton) et le pays de ce carton passé (d’où le choix de Les diamants sont éternels, qui se déroule en grande partie à Vegas). On envisage même un acteur américain pour incarner le plus british des espions. Un des premiers scripts de Richard Maibaum tente l’idée du frère jumeau d’Auric Goldfinger en guise de méchant. Mais on se rend vite compte que l’idée est légèrement moisie.
 
Alors que les producteurs jettent finalement leur dévolu sur John Gavin (qui avait entre autre joué dans le Spartacus de Kubrick), lui faisant même signer son contrat, David Picker, un cadre exécutif d’United Artists, le partenaire américain de James Bond, travaille en sous-main pour aller plus loin dans ce qui est alors une sorte de remake de Goldfinger pour assurer les entrées : pourquoi ne pas convaincre Sean Connery de revenir ? Une idée que Broccoli et Saltzman voulaient à tout prix éviter mais qui va finalement leur être imposée. L’écossais est convaincu par un salaire totalement record pour l’époque (1,2 millions de dollars) qu’il va pourtant entièrement reverser dans une fondation caritative en aide aux jeunes écossais défavorisés, qu’il a contribué à fonder.
Avec en bonus le droit de choisir deux films dont il choisira le scénario et le réalisateur pour y jouer le rôle qu’il désire. De ce deal, naitra le magnifique The Offence de Lumet. Sean l’avoue : « jouer Bond, c’est un calvaire, un privilège, une blague, un défi. Un sacré cauchemar qui ne vous lâche pas».
 
La décision coûte aussi cet autre petit surplus: le contrat de John Gavin est entièrement compensé financièrement, comme s'il avait joué tous les films prévus. On comprend dans ces conditions que le budget de ces Diamants… soit presque entièrement passé dans les cachets de ses interprètes. Détail amusant, Gavin a joué le troisième et dernier Hubert Bonisseur de la Bath en 1968, il aurait ainsi pu être le seul OSS117 / James Bond de l'histoire.
Parmi les acteurs approchés ou pressentis: Burt Reynolds (sans la moustache ?), Michael Gambon (qui hurle qu'il n'a pas le physique adéquat) et encore Roger Moore, qui vient de commencer une nouvelle série, les Persuaders (Amicalement vôtre).
 
Les producteurs pensent à un moment tourner une séquence dans Disneyland, mais les autorités du parc refusent catégoriquement l'idée qu'ils jugent farfelue.
 
Le scénario de Maibaum, pourtant proche du roman de Fleming, étant jugé un peu trop insipide, David Picker fait appel à Tom Mankiewicz (fils de…) encore jeune scénariste,  pour donner un peu de piquant à l’ensemble. Une des idées essentielles du script vient cependant de Cubby Broccoli, qui fait un rêve de son ami Howard Hugues (sans doute parce qu’il sait qu’on ira tourner dans sa ville refuge) qui se révèle être un autre lorsqu’il se retourne. Mankiewicz introduit donc le personnage de Willard Whyte qui n’est autre qu’une copie parfaite du millionnaire reclus. Quand Harry Saltzman demande au jeune scénariste quel menace fait peser Blofeld sur le monde, Tom est heureux de lui répondre «cette fois il veut le détruire !» il est très déçu qu’Harry lui réponde «pas assez fort».
 
TOURNAGE
 
Il débute le 5 avril 1971, à Las Vegas. Il faut savoir que Cubby Broccoli possède sur place deux amis qui vont énormément faciliter les choses. Howard Hugues, le fameux aviateur, constructeur aéronautique, homme d'affaires, producteur et réalisateur cinématographique dont Martin Scorsese a fait un film, qui est alors déjà reclus au dernier étage de son hôtel-casino personnel. Son influence sur la ville est immense et il dit à son ami (qu'il côtoyé au moment où il intervenait encore dans le monde du cinéma) qu'il peut tout lui demander. Et Cubby connait aussi Sidney Korshak, réputé comme l'avocat le plus puissant du monde à cette époque, qui a aussi et surtout des liens reconnus avec la pègre. Les deux, combinés, vont permettre à la production de bloquer Vegas cinq nuits de suite pour pouvoir effectuer la scène de poursuite. Ce serait cet avocat qui aurait demandé à Broccoli en retour de choisir Jill St John comme James Bond girl américaine.
 
Croyez-le ou non, mais Sean a également demandé dans son contrat qu'Harry Saltzman ne soit jamais présent sur le plateau quand il devrait tourner des scènes. Un des tous premiers soirs, un petit groupe informel se forme dans la caravane de l'acteur, quand Saltzman se présente. Sean lui ouvre, s'exclame avec un garde sourire "Harry !", l'embrasse, … et lui ferme la porte au nez. Ce sera la dernière fois que les deux hommes se croiseront.
 
Mais Sean n'a pas oublié de s'amuser et de faire que le tournage soit le plus agréable possible pour lui: une partie de golf hebdomadaire est quasiment inscrite dans son contrat (à quelle participe Guy Hamilton, un cadreur et un cascadeur).
Dans le même ordre d'esprit festif et ludique, une grande partie de l'équipe perd chaque week-end une bonne partie de la paye du vendredi soir, puisqu'ils dorment sur place, à portée de machines à sous. Le tournage des scènes de casino se faisant entre 3 et 6 heures du matin, nombreux sont ceux qui ont l'impression de ne jamais vraiment dormir et cela se ressent dans le manque de vitalité du résultat final.
 
Les galères sont sur ce tournage plutôt d’ordre mécanique. Le buggy lunaire n’est absolument pas fait pour une course poursuite dans le désert, et la demi-idée de Ken Adam (le chef déco désormais légendaire des épisodes précédents) d’y ajouter des bras mécanique désarticulés inutiles n’y change rien. Il faut changer les pneus de l’engin pour lui donner un peu de ressort et le réparer en permanence, c’est-à-dire presque entre chaque prise.
Plus gênante est la fameuse cascade en deux roues de la Ford Mustang. Hamilton avait vu l’équipe de Remy Julienne l’exécuter à la télé et veut la reproduire dans le film. Les cascadeurs, pas initiés à la techniques passent du temps à réussir la figure, et des difficultés techniques vont obliger la production à finir la scène dans les studios Universal, plusieurs jours après. Le résultat est célèbre pour être la plus grosse bourde de l’histoire des Bond, avec une voiture qui emprunte l’impasse sur les roues droites et en sort le plan suivant du côté gauche. Quand on se rend compte de la bourde au montage, on essaie bien d’introduire entre les deux prises au montage un gros plan des acteurs qui change d’inclinaison entre les deux, mais le mal est fait.
 
Pour la scène finale, une plateforme de forage désaffectée est louée. Comme lors de Bons baisers de Russie, on évite le pire lorsque le maitre artificier lance l’explosion finale alors qu’Hamilton n’a demandé qu’une répétition générale. Mais par chance, personne n’est blessé et un hélicoptère était en train de tourner pour préparer le moment. Du coup, de nombreux plans qui apparaissent dans le montage final sont tirés de cet incident, ce qui explique qu’ils soient peu raccord avec les cadrages plus serrés.
 
Le moment où Sean s’extrait de sa bulle en plastique avec laquelle il aborde la plateforme demande de multiples prises, l’engin ayant tendance à s’ouvrir comme un ballon crevé, le souffle emportant à chaque fois la moumoute de l’acteur qui cache sa calvitie avancée.
 
Le retour traditionnel aux studios Pinewood pose son lot de désagréments habituels: le bain de boue dans lequel Blofeld est tué une première fois dans la séquence pré-générique est fabriqué à base de pommes de terre, qui dégagera une odeur pestilentielle dès le lendemain de sa confection, qui imbibera les studios de manière durable.
Le lit-aquarium posera des problèmes d’un autre ordre : les poissons exotiques venus du Japon meurent assez rapidement à cause d’une température de l’eau inadéquate, et il faut déployer d’inutiles et chronophages trésors d’ingéniosité pour leur donner une apparence de vie dans de nombreux plans.
 
Terminons avec quelques précisions sur les membres du casting non encore évoqués dans ces lignes: Putter Smith (Mr Kidd, celui qui termine brulé dans la scène finale) est un acteur débutant mais contrebassiste accompli (qui a joué notamment avec Thelonious Monk) et il donne la réplique à Bruce Glover, père de Crispin, futur inoubliable George McFly. Les deux acteurs s’habituent peu à peu leur statut de couple homosexuel de tueurs sadiques, le deuxième imaginant que le premier est sa créature sexuelle.
Trina Park (qui joue Thumper, soit Panpan dans Bambi) gardera toute sa vie une grande fierté à être la première femme noire à s’être attaquée à James Bond, et à en être en plus sortie vivante.
Enfin, l’expérience aidant, on prévoit cette fois cinq chats au pelage blanc sur le plateau, pour parer à toute éventualité.
 
Le tournage se clôt sur deux évènements symboliques. Une partie de golf entre Ken Adam et Sean Connery, le décorateur tant excédé d’entendre parler l’acteur de ce sport à longueur de journée. Un gros pari est lancé et le débutant Adam part avec un handicap en sa faveur de 45, qui ne lui permettra cependant pas de gagner.
Le tout dernier plan de Sean dans un James Bond (officiel) sera celui où il se couche dans un cercueil.
 
POST-PRODUCTION
 
De nombreuses scènes de continuité sont retirées, ce qui donne des incohérences surprenantes. C’est ainsi que le cadavre de Plenty O’Toole est retrouvé dans une piscine sans que l’on comprenne pourquoi, ce qui est d’autant plus dommage que c’est à cause de ce moment que Tiffany Case, traumatisée, passe du côté de James. Pour la petite histoire, la maison utilisée dans cette scène est celle de Kirk Douglas.
 
John Barry compose sa chanson-titre en rappelant Shirley Bassey pour un titre qui rencontre un succès décalé, puisqu’il est plus apprécié aujourd’hui qu’à l’époque de sa sortie (il ne fait pas un hit comme les précédents). Notons que Saltzman déteste le titre et ses allusions directement sexuelles, alors que Broccoli le plébiscite. On le verra dans les deux dossiers suivants, de plus en plus, les avis des deux producteurs vont entrer en confrontations systématiques.
 
L’avant-première à lieu le 30 décembre 1971 à Londres, et le film sera un énorme carton, qui battra de nombreux records. Cubby reste persuadé que Sean aurait pu du coup rester plus longtemps, mais Sean restera inflexible et définitif.
 
Terminons sur deux tempêtes dans un verre d’eau, petites polémiques inutiles et éphémères. La première date de la sortie du film et concerne son affiche. Son auteur est Robert McGinnis. La place des diamants a fait parler d'elle, même si l'apparente allusion sexuelle est fortuite. Dans le projet initial, les deux femmes étaient plus grandes que Connery. Au dernier moment, Don Smolen, le responsable de la publicité d’United Artists, a modifié lui-même l'image pour que Connery soit plus grand. Sa réponse dans la presse est véhémente: "Regardez bien: II possède l'abdomen le plus étiré qu'un être humain ait jamais eu !"
L'autre reproche est virtuel, et beaucoup plus amusant: le film est celui qui a le pire bilan carbone de toute la série. Surtout à cause de sa séquence pré-générique qui envoie visuellement Bond aux quatre coins de la planète (Japon, Egypte, France…).
 
La projection de presse à Paris ne laisse planer aucun doute quant au successeur de Sean Connery, puisque ce dernier invite un collègue de boulot à venir assister à la séance à côté de lui. Un certain… Roger Moore.
 
 
LA CAUSERIE FINALE AU COIN DU FEU D'ONCLE NESS
(Un feu de joie, qui brille au fond de sa pupille malicieuse, alors qu’il est en train de rattraper son ennemi qui tentait de s'enfuir sur sa pirogue à la faveur d'un rapide d'un méandre de l'amazone, lesté par l'espione péruvienne qu'il voulait faire disparaître, alors qu'il est lui-même propulsé par une aile volante de fortune, confectionnée à la hâte avec une feuille de palme et un aile de chauve-souris géante trouvée morte, collés avec du guano séché.)
 
La philosophie même du projet Les diamants sont éternels ne pouvait aboutir à un meilleur résultat. Le film touche en plein cœur ses deux mauvaises cibles : reconquérir un public américain qui avait peu goûté à la parenthèse Lanzenbyesque (d’où l’idée de départ d’une sorte de Goldfinger 2) mâtiné d’un retour vers le côté cartoonesque du dernier énorme carton On ne vit que deux fois. Cette combinaison hasardeuse accouche sans surprise du pire des deux facettes du projet : un scénario sans consistance qui accumule sans logique les moments légèrement absurdes.
Certes, Sean parait à la fois plus impliqué et plus détendu, content du script et de ses partenaires, ce qui ne suffit pas à ce septième chapitre de figurer parmi les films recommandables de la série, mais à réserver à ses fans, qui apprécieront ses quelques dialogues savoureux (« je ne savais pas qu’il y avait une piscine ») et ses deux ou trois scènes spectaculaires (comme le combat dans l’ascenseur).
 
Cependant, le film entre dans la nouvelle catégorie du film moyen qui permet à la franchise de faire mieux que survivre : avec des entrées record (le retour de Sean avait été sur-marquetée) et une très bonne réputation de l’époque, tout était en place pour permettre aux producteurs de prendre un nouveau virage inévitable : tourner définitivement la page de Sean Connery.
 
 
Ceci est le treizième dossier des 27 que comporte la série des Archives James Bond
 
Un dossier à retrouver avec musique et illustration sur The Geeker Thing

guyness

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