Le décor planté par « Jaws » n’est ni plus ni moins qu’une station balnéaire agréable dans laquelle se ballade, jouent et se baignent les touristes. Dès lors on a donc un merveilleux contraste entre l’insouciance des vacanciers et la terreur invisible qui remue sous la mer, prête à bondir et à déchiqueter sa victime comme elle l’a fait avec la jeune fille blonde de la première scène.


La fabuleuse musique de John Williams rythme tout le film en donnant un ton parfait aux scènes « d’angoisse » ( les fameuses trois notes), appuyant le mystère et rythmant les moments plus calmes voir drôles. Parce que oui « Jaws » sous la marque de fabrique de Spielberg, tout en offrant une originalité à chacun de ses personnages( et un certain décalage entre eux) nous offre des répliques drôles ou des situations qui font sourire avec cet humour réfléchi à la Spielberg.


D’ailleurs si on devait parler des personnages, Spielberg nous en offre une belle diversité : les vacanciers insouciants, Mr Brody chef de la police responsable, sérieux et anxiogène à la vue de l’eau, Matt Hooper le jeune scientifique original, Larry Vaughn le maire avide quitte à en oublier l’intérêt général , Quint le marin-chasseur vieux bourru et solitaire…; autant de personnages que de personnalités qui concourent à donner un ton au film.


L’incroyable originalité et attractivité de ce film étant de réussir à faire planer un mystère qui se transforme peu à peu en angoisse. Qui n’a pas déjà vu « Les dents de la mer » plus jeune et s’est retrouvé par la suite à avoir peur de se baigner loin du bord ? Pour ma part j’en garde ce souvenir terrifiant alors même que le spectateur sait qu’une telle férocité de la part d’un requin ne relève que de l’univers de Spielberg.
Cette angoisse est d’autant plus renforcé par le malin plaisir que prend le film à nous cacher la bête. On en parle, on la craint, on la chasse, on voit ses victimes sans jamais la voir surgir un peu comme dans Jurasic Park ou l’arrivée des dinosaures se fait attendre.
L’attente et la tension monte donc on arrive à nous faire peur sans jamais rien voir d’effrayant, avec Spielberg on a donc plus peur de l’évocation que de la chose elle-même.


Certains moments sont forts en émotions et laissent à penser que « Jaws » n’est pas uniquement un film d’angoisse mais bien un film plus profond : La scène ou la mère de la victime endeuillée accuse Brody d’avoir tu ce qu’il savait sur la première attaque, la scène ou ils se mettent d’accord pour étouffer l’affaire ( l’économie d’une zone prime t-elle sur la sécurité des hommes? Et si on peut se permettre une blague pourri ; noyer le poisson pour apaiser les touristes), le moment de complicité sur le bateau ou les trois hommes éméchés chantent et se racontent les anecdotes de leurs blessures.
Tout cela ajouté à la musique, à la construction du récit, aux prises de vue orignal, au point de vue novateur en fait un grand film.


Petit bémol à mon sens dans la longueur des scènes sur le bateau. La première partie du film ou l’on côtoie tous les personnages passe très vite et la peur d’une autre attaque nous tient en haleine mais à partir du moment ou les 3 hommes partent en mer la peur d’un évènement sur la plage disparait et l’on se retrouve avec un rythme plus lent. S’il y a certes des scènes d’une profondeur incroyable ou chacun des trois hommes fait tomber le masque et nait une certaine fraternité, les scènes ou tous les plans sont déjoués par la férocité du requin m’ont paru un peu longues et redondantes avant d’ENFIN ARRIVER À L’AVOIR.


Enfin bien sur le final est tellement géant qu’on oublie assez vite ces malheureuses longueurs. La chute de Quint qui avait pourtant survécu à 1945 , l’idée de la piqure de Hooper en plongée, la lutte de Brody pour ne pas être victime de l’assaut final du requin et le jouissif et inattendu twist de la bouteille d’oxygène ….juste génial. La dernière scène fait sourire et le spectateur souffle enfin après avoir été plongé dans deux heures palpitantes de chasse aux requins !

Clawdia
8
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le 29 sept. 2020

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