Ouais j'ai honte de mon titre mais bon comme c'est le matériau utilisé pour la céramique et qu'on parle de céramique dans le film... Trop facile ? ;-)
Bref, il va changer bientôt. XD

Ecrit d'après un assemblage composite des Contes de la pluie, recueil de Ueda Akinai, un classique de la littérature japonaise, le film de Mizoguchi est un cri, le symbole de l'idéal déçu.
Le magnifique générique, calligraphié sur des superbes tissus de kimonos mettent d'entrée le spectateur dans le bain.
Ancrée dans une réalité historique et sociétale bien définie, les personnages vont se débattre avec leur ambition.
Le héros du film, Genjuro, va voir son rêve le faire pénétrer dans un univers fantastique auquel sa crédulité, sa volonté de voir son art reconnu, nous permettent de croire sans se poser la question des artifices auxquels on pourrait être sensible si les personnages étaient moins bien construits.

Les deux couples ici présentés vont voir leur harmonie mise à mal par l'obsession de la considération sociale des personnages masculins qui la place avant tout et surtout avant l'amour de la femme qui est à leur côté.
cette obsession rend Genjuro entièrement responsable du drame qu'il va faire vivre à ses proches. Comme Tobei est totalement responsable de ce qui arrive à son épouse. C'est donc l'égoïsme masculin, l'indifférence à l'autre (ou du moins le manque d'attention, de considération) qui est au centre du drame.
Genjuro fait passer ses poteries avant sa femme Miyagi et son fils Genishi lors des razzias de l'armée. L'enjeu est l'antagonisme entre les désirs de l'homme (extérieur au couple) et celui de la femme qui cherche à préserver son foyer avant tout autre chose. La crémaillère lorsque Genjuro revient du marché la première fois le symbolise fortement. L'image est scindée par l'objet ; lui fixe le dehors elle l'intérieur. Entre eux le vide ! Miyagi, dans sa magnanimité ne se réjouira pas de son triomphe annoncé. Elle a raison, voit juste sur tous les plans mais ce la va la faire courir à sa perte. Le rappel des valeurs essentiels arrivera trop tard.

La scène de la séparation physique (celle du lac) est d'ailleurs traitée hors de tout réalisme. Nous avons basculé dans l'onirisme. D'ailleurs quand l'artiste rencontre Wasaka, il est immédiatement subjugué par l'artifice de cette femme, sa beauté apprêtée et travaillée. Il en oublie presque sur le champs sa femme aimante et son fils chéri cet oublieux. (oui, je crie encore une fois "connard" à ce moment là, c'est plus fort que moi, ça sort XD) . Elle n'a rien de naturel et cela le fascine en tant qu'artiste. Il voit en elle une oeuvre d'art capable de comprendre le sien. Là se pose la question de ce qu'est la vraie beauté. Celle fabriquée par l'artiste ou celle, naturelle du coeur ? L'artifice ou la sincérité ? La nature de l'art est interrogée également, sa finalité. Doit-il est distancié d'un quotidien ou le rendre plus facile et plus beau ? Doit-on le banaliser ou le sacraliser ?
Pour Mizoguchi, la réponse apportée ici est claire. L'art doit soutenir l'homme, être là pour le service. S'il devient extérieur à la vie, il devient inutile et objet de mort car favorise le narcissisme et l'égocentrisme.

Profiter de la guerre qui fait rage dans la région, les deux hommes vont la faire venir à l'intérieur de leurs foyers les détruire.

Ce film est une splendeur formelle est extrêmement riche sur le fond. Une alliance trop rare pour bouder son plaisir.

Le dernier plan montre l'enfant priant, la caméra s'élevant afin d'unir définitivement l'homme et la nature.
Rawi
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le 21 févr. 2015

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Rawi

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