Oublions les schémas et les codes qui sévissent actuellement le cinéma. Prenons un instant le temps de laisser couler l'inspiration, d'écouter les personnages, d'entendre sans nuisance ce que le réalisateur cherche à nous offrir, sans pour autant se braquer sur le désir d'une histoire au thème bien fondé. Dans ce premier long métrage de Thomas Cailley, on est là pour ça. Pour profiter pendant 1 h 30 de ce petit bijoux et d'en absorber le plus possible.
Ce qui est appréciable, c'est le bannissement des idées reçus. Non, l'armée n'est pas constituée d'une bande d’abrutis en tenue de combat. Non, être différent n'amène pas le jugement d'autrui mais davantage le respect et non, la jeunesse n'est pas perdue malgré le manque d’espoir car il lui reste la volonté de survivre. Cette volonté dans la détresse sera une pièce maîtresse du film. Il est temps d'atteindre un nouvel âge. Les deux personnages principaux pénètre cet univers appartenant à la fois au réel du spectateur et à un quotidien qu'il reconnait, mais également à leur propre réalité, une réalité pessimiste et apocalyptique qui dépeindra peu à peu sur notre vision de cet univers. Il n'est plus temps de débattre sur l'avenir de la jeunesse. La "fin" approche, une fin qui dépasse le chômage et la crise. Paranoïa ? , réalisme ? Le fait est que le discours est brutal et inattendu. Que reste il finalement à l'homme à part l’espérance de quelque chose d'autre que ce monde qui ne lui convient pas: "Enfer ou ciel qu'importe, au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau" pour citer Baudelaire, même si ce "nouveau" signifie souffrir pour survivre ce qui est d’ailleurs la mentalité du personnage de Madeleine. Mais alors qu'en est il de l'aveuglement ? Sommes nous vraiment fait pour cela ? la désillusion aurait pu violemment toucher le couple après leur échec de survie dans leur fuite vers un "on ne sait ou". Pourtant la volonté reste présente. On doit faire encore plus la prochaine fois, voila la mentalité dans lequel ce retrouve Madeleine. On réalise qu'il n'y a pas d’échappatoire, pas de retour en arrière possible. Il faut avancer et survivre. Rester sur ses gardes.
Les combattants est un film touchant, brillamment interprété et au style des plus uniques.
Razimbo
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le 24 août 2014

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