Surveillez vos gosses merde

Les cinq diables c’est un conte fantastique dramatique mais pas fataliste (le principal souci du film peut-être ?) qui apprend à une petite fille les âpretés de la vie d’adulte.

Vicky une gosse un peu à l’ouest et un peu solitaire se révèle en possession d’un odorat extrêmement développé (symboliquement aussi certainement son humanité et sa capacité à comprendre les sentiments qui animent les différents personnages entre eux) qui l’amène bientôt à pouvoir revisiter certaines scènes un passé de sa tante Julia.

Vicky découvre que les amours sont souvent déçus, qu’ils finissent souvent mal ou pire qu’il ne passe vraisemblablement plus rien, comme si l’histoire n’avait pas pu continuer, mise sur pause par la force du temps. Vicky découvre la vie d’adulte et le temps qui détruit tout, ce à quoi elle ne pourra pas échapper.

Vicky découvre aussi qu’il est dur d’échapper à ses démons. Sa tante Julia est pourchassée par l’un d’eux qui n’est personne d’autre que notre petite héroïne (que représente cette créature pour Julia ? Son homosexualité qu’elle a du mal encore peut-être à accepter ? Son malaise face au monde ? Le drame qui s’annonce ?)

Léa Mysius enferme ses personnages dans une photographie froide et terne qui enchaîne ses personnages, qui les cloître dans ces massifs montagneux desquels visiblement on ne peut pas sortir.

Encore une fois Exarchopoulos est plus qu’au niveau, même si la vedette lui est volée par la jeune Sally Dramé impressionnante de justesse. Le casting est vraiment parfaitement choisi, chaque acteur joue sa partition à merveille.

Seul bémol les scènes de harcèlement scolaire de Vicky qui sont peut-être un peu exagérées, aussi on aurait aimé davantage de scène pour illustrer l’amour de la mère de Vicky et de Julia. On reste un peu sur notre faim avec l’histoire d’amour entre Nadine et le père de Vicky. La fin heureuse est peut-être ce qui m’a le plus dérangé… Pourquoi ne pas achever ce long métrage sur le sentiment d’amertume que l’on ressent tout le long ?

Les cinq diables c’est ce genre de film dont on se sait pas trop quoi penser en sortant de la salle où l’on sait que l’on a vaguement aimé mais qui viendra vous hanter un peu plus tard. Le film se termine sur l’apparition de cette autre petite fille qui vient comme explorer un passé dont elle s’apprête à découvrir elle aussi les tragédies, l’existence des hommes est cyclique…

(7.5 sur 10)