Tout d’abord, merci à ceux dont les critiques m’ont incité à voir ce film, notamment Jeandewailly et Taurusel (dont je vous conseille d’aller lire leurs brillantes critiques de ce film).

La première partie du film est assez lente, Peckinpah s’occupant tranquillement de la mise en place de ses personnages et de l’intrigue, et surtout de l’ambiance particulièrement malsaine de ce petit village de Cornouailles où la tension monte peu à peu. Car le matheux américain brillamment incarné par Dustin Hoffman vient s’installer dans ce village paumé dans les landes en bord de mer avec sa femme anglaise qui était justement originaire dudit village. Le problème est que sa femme se fait un peu chier, qu’elle n’est pas très prude et que les gars du village lorgnent sur elle. Le problème est surtout que les habitants sont tous plus barjots les uns que les autres, on n’est manifestement pas bien loin de la consanguinité dans ce village où tout le monde se connaît et se surveille.

Voilà en tout cas un film qui n’épargne aucun personnage et pose peut-être plus de questions qu’il n’en résout : alors qu’on aimerait glaner un peu plus d’infos sur David et Amy, Peckinpah laisse planer le mystère sur leurs passés respectifs (comment se sont-ils rencontrés, elle l’Anglaise et lui l’Américain ? Quelle fut précisément la relation passée d’Amy avec Charlie, pourquoi fuit-il l’Amérique, quel fut son rapport passé à la violence, etc). La terrible scène du viol, très audacieuse pour l’époque, laisse planer l’ambigüité d’Amy bien qu’elle soit quand même bien présentée comme une victime. Sans parler de la scène finale qui autorise plusieurs interprétations, avec le surprenant sourire de David.

Bref, un film intéressant, avec quelques superbes plans et des comédiens au top : Dustin Hoffman excellent dans un personnage tout en sang froid qui, étonnamment, va finir par exploser, mais Susan George est très bien aussi, cultivant habilement l’ambigüité de son personnage, sans parler des « bouseux » dégénérés qui sont bien dans le ton, même si on peut trouver la présentation des campagnards anglais par Peckinpah pour le moins caricaturale.

Straw dogs est ainsi un film pessimiste qui aborde des thèmes variés comme le rejet de l’étranger ou du bouc-émissaire, les bas instincts et les pulsions animales de l’homme ainsi que l’émergence de la violence, qu’on possède tous en chacun de nous, même si elle ne s’est jusque là jamais exprimée.
socrate
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le 1 sept. 2012

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socrate

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