30 ans, ça faisait pratiquement 3 décennies que Spielberg voulait adapter Tintin au cinéma, après avoir été adoubé par Hergé avant sa mort.

Après un générique faisant référence à toutes les aventures de Tintin (sauf les polémiques), l'aventure commence par du fanservice. Ce même fanservice qu'on retrouvera tout au long du film, aussi bien pour les fans du héros que pour les fans de Spielberg. Mais attention, pas du fanservice crétin qu'on a pu retrouver dans la nouvelle trilogie Star Wars ou bien dans le dernier Indiana Jones du même Steven. Ici on caresse dans le sens du poil le spectateur, par certes des allusions plus ou moins discrètes, mais jamais jusqu'à l'écœurement, tout est distillé à la perfection.

Côté technique, je dois admettre que lors de l'annonce de l'utilisation de la performance capture j'avais peur de retrouver le syndrome de l'uncanny valley à la Beowulf (Avatar évitant ce désagrément, les Na'vis n'étant pas humains). Heureusement, ils ont eu la bonne idée de garder l'aspect bande dessinée pour tous les personnages sauf Tintin et Sakharine. Etant donné qu'il s'agit du héros et du méchant il était nécessaire qu'ils gardent une certaine dose de sérieux dans leur apparence.

Concernant la réalisation, on remarque vite que Spielberg s'éclate avec les possibilités offertes par la caméra numérique. Il se permet des angles et travellings impossibles en temps normal - ou alors numériquement en passant pour un gros m'as-tu-vu, bisous David Fincher avec ta caméra qui passe dans l'anse d'une cafetière. Il avait déjà expérimenté la chose lors de la fuite en voiture sur l'autoroute dans La Guerre des Mondes, mais cette fois-ci, du fait du média, il s'en donne à cœur joie. Et son inventivité couplée à cette "nouvelle façon de filmer" donnera lieu à l'un des plus belles poursuites de la décennie, le tout en plan séquence. Cette technologie lui permettra aussi de fluidifier la narration, en particulier les flashbacks de Haddock mixés avec la "réalité" ou alors lors de fondus enchainés entre 2 scènes. Là où ces derniers paraissaient ridicules dans Le Pacte des Loups de Gans (les seins de Monica Bellucci qui se changent en 2 buttes dans la montagne), ils s'intègrent ici de façon tout à fait naturelle et donnent un cachet BD supplémentaire.

Concernant l'adaptation, les personnages sont fidèles au média d'origine. Tintin est futé, courageux et débrouillard, Haddock est colérique, fier et volontaire et les Dupon(t/d) sont toujours aussi idiots mais attachants.
Deux albums (ainsi que de petites parties d'autres) ayant été mixés en une seule histoire (Le Crabe aux Pinces d'Or, Le Secret de la Licorne évidemment ainsi qu'une partie du Trésor de Rakham le Rouge), des libertés ont du être prises afin de rendre cohérent l'introduction des personnages, mais toujours dans le respect du matériau original. Les scénaristes sont de grands fans et ça se sent.

Tout est-il parfait dans le meilleur des mondes cependant ? Non bien évidemment.
Malgré la maestria de John Williams démontrée tout au long du film, il manque quand même à ce Tintin un grand thème. Peut-être aurait-il été trop hasardeux d'essayer de supplanter celui du dessin-animé encore présent dans l'inconscient collectif. La dernière grande scène d'action dénote aussi un peu de l'univers de Tintin, sans doute pour attirer un public plus large.

Mais ne boudons pas notre plaisir, je m'attendais à une adaptation habituelle à l'américaine qui allait une nouvelle fois violer mon enfance mais force est de constater que je m'étais fabuleusement trompé. Cette adaptation de bande-dessinée est sans doute la meilleure jamais réalisée quelle que soit la série. Merci Steven (x2), merci Peter, merci Edgar et merci Joe, grâce à vous je sais qu'il est encore possible d'être émerveillé à l'orée de mes 30 ans.
MickBim
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le 26 oct. 2011

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MickBim

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