Les Aventures de Rabbi Jacob par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique remaniée le 25 octobre 2021


Victor Pivert est un homme d'affaires très préoccupé, nanti, irascible et survolté. En effet outre ses "affaires", omniprésentes dans son esprit, il doit marier sa fille Antoinette au fils d'un général, prestige de la famille oblige. Mais pour cet homme, ce vendredi sera un jour rempli d'imprévus et de situations absurdes.
Lors d'un déplacement en voiture, Victor, catholique mais raciste, apprend que Salomon, son chauffeur, est juif.
La surprise est terrible et lors de la sortie de route qui s'en suit, le chauffeur refuse de reprendre sa fonction pour cause de Shabbat. Resté seul, Victor se réfugie pour appeler de l'aide dans une usine de chewing-gum mais là, la poisse le poursuit puisqu'il tombe sur des policiers chargés d'attraper un opposant politique arabe: Mohammed Larbi Slimane.
Ce dernier parvient à semer ses poursuivants et emmène avec lui l'infortuné Victor. Recherchés par différentes polices, dont la police française, Mohammed et l'homme d'affaires se dirigent vers Orly.
C'est là qu'ils vont croiser deux rabbins en provenance de New-yok et qu'ils réussissent à dépouiller de leurs vêtements et usurper leur identité. C'est ainsi que Victor Pivert devient Rabbi Jacob, venu en France pour célébrer un baptême et attendu avec ferveur et enthousiasme dans le quartier du "Sentier" où habite Salomon. Une nouvelle étape presque insurmontable se dresse devant l'industriel surtout que l'heure du mariage d'Antoinette approche...


Victor Pivert sait peut-être gérer ses affaires d'une main ferme mais son état d'esprit est détestable. Il est sournois, tyrannique, mielleux lorsque la situation le demande et bien sûr très snob. Ce catholique, vu sa sa situation, ne pense qu'à son portefeuille, à la dote et la notoriété que va rapporter le mariage de sa fille avec un fils de militaire bourgeois complètement niais.
Pour couronner le tout, sa religion ne l'empêche pas de toiser les plus modestes et surtout d'être raciste. Le jour où il s'esclaffe: "Mon chauffeur est juif ?", nous le retrouvons au bord d'une crise d'apoplexie.
Heureusement, toutes ces mauvaises choses ont là une fin. Victor Pivert qui va se retrouver embourbé dans tous les sens du terme dans une usine de chewing-gum va devoir composer avec d'un côté un activiste arabe et de l'autre la communauté juive de Paris. Petit à petit ces deux "éléments" vont doucement apprivoiser l'entrepreneur qui va se rendre, contraint et forcé, à une réception plus que chaleureuse de la part de tous ces juifs qui vont se montrer d'une extrême chaleur à tel point que notre usurpateur va se lancer dans une danse effrénée dans laquelle il mettra tout son cœur.
C'est à ce moment qu'il retrouvera Salomon, son chauffeur, lequel se montrera très magnanime pour la bonne raison qu'il tient sa vengeance contre son ancien patron: puisque celui-ci se dit rabbin pourquoi ne célèbrerait-il pas à la synagogue un baptême? La vaccination est positive pour Victor Pivert qui se débarrasse de certains préjugés idiots et racistes à tel point que le mariage de sa fille prévu en grande pompe va se trouver quelque peu mouvementé.


Ce film dont la renommée n'est plus à faire est certainement le dernier de la grande période de Gérard Oury. Cette réalisation à l'humour très sarcastique, tournée en pleine période de la guerre du Kippour, nous fait passer un immense moment de plaisir grâce notamment à bon nombre de scènes cultes mettant à l'épreuve un fantastique Louis de Funès dont la forme physique est surprenante.
Ceux qui ont vu ce film ne peuvent ôter de leur mémoire la scène de Victor, livide, apprenant que Salomon est juif ! Comment ne pas oublier ce bain forcé dans la cuve à chewing-gum, ce discours d'arrivée dans le quartier juif pour lequel Victor doit utiliser un tas d'artifice pour réussir à se faire acclamer ! La scène de la synagogue est un morceau d'anthologie et la chute du film un merveilleux moment de bonheur.
Alors bien sûr, dans cette comédie magistrale et dépaysante de Gérard Oury, Louis de Funès domine sans contexte la situation, C'est du grand, du très grand Louis de Funès que l'on verra pour la dernière fois dirigé par ce réalisateur. Henri Guybet, le fameux Salomon, tient son rôle avec beaucoup de crédibilité et de sobriété. Il donne une excellente réplique au même titre que l'inquiétant mais séduisant Slimane incarné par Claude Giraud. Suzy Delair en femme active et farfelue ou Miou-Miou dans le rôle d'Antoinette la fille malheureuse de Victor Pivert complètent fort bien cette galerie de personnages drôles et attachants. De plus tout au long de ce film vous verrez évoluer quelques vedettes célèbres telles que Popeck ou Claude Piéplu. A signaler également la formidable musique entraînante de Vladimir Cosma.


Bien entendu ce monument du cinéma français n'est à rater sous aucun prétexte d'autant plus que la morale qu'il dégage est à la mesure de la qualité de l'œuvre.


Box-Office France: 7 295 727 entrées


Ma note: 8/10

Grard-Rocher
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Créée

le 31 juil. 2014

Modifiée

le 24 avr. 2013

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