Il est loin le temps des enfants, jouez de la baguette n'est plus un événement.


La magie s'épanouie, seulement chez les êtres d'exception, pourtant
nous devons nous terrer dans l'ombre. Mais les usages anciens ne nous
conviennent plus. Leurs arrogances, est la clé de notre victoire.




Que tous ceux dans la salle qui sont du côté de Grindelwald disent AVADAAAA KEDAVRAAAA!!!!



Les crimes de Grindelwald est la suite du sympathique Les Animaux Fantastiques, il poursuit son récit autour du passé de l'univers Harry Potter, dans une trame pour le moins sombre et taciturne où le féerique et le sourire n'ont pas beaucoup de places. Une coupure net dans le ton entre les deux sagas qui affiche clairement un monde post guerre mondiale. Appuyé de surcroît par une musique de James Newton Howard à la composition plus nuancée vers la tonalité grave, même si on retrouve par endroits les fameux titres de John Williams.


C'est J.K.Rowling qui est derrière le scénario, et madame sait clairement où elle va. La scénariste laisse derrière elle toute l'innocence de ses anciens héros, où la notion du mal et du bien est très distincte, parfois assez caricatural (coucou Voldy), pour aller avec Les Crimes de Grindelwald dans un schéma plus psychologique, profond, et engagé qui fait écho à notre monde.


Elle n'hésite pas à questionner ses spectateurs sur l'authentique caractérisation substantielle du Bien et du Mal par le biais d'un effet miroir sur notre société, un concept solide qui apporte plus de nuances et pousse à la réflexion. C'est ainsi qu'on s'aperçoit que la frontière entre les deux aspects est très mince, voire invisible. Une approche intelligente et intuitive de la part de J.K qui estime que son public à grandis et qu'il doit cette fois-ci faire face au dur monde des sorciers.


Le cinéaste David Yates qui n'est plus à son premier coup d'essai dans l'univers Harry Potter, traduit subtilement le fond de penser de J.K en livrant une mise en scène plus morne qu'à l'habitude, rappelant grandement Les Reliques de la mort partie 1 (mon oeuvre HP préféré) réalisé par lui-même. Une notion plus dramatique et morose, qui je tiens à rassurer conserve tout de même sa part romanesque.


La réalisation de Yates est graphiquement superbe, une prise en main lisible avec des plans souvent en hypsométrie qui captive durant les séquences d'actions. Les différents déplacements de caméra traduisent parfaitement les mouvements réalisés et épousent intelligemment les effets spéciaux.


Les animaux fantastiques sont de toutes beautés, le design du chien-chat-dragon de Chine est magnifique et s'inspire grandement de légende asiatique ce qui insuffle du caractère. Ses déplacements sont généreusement animés, et ses yeux sacrément expressifs, du bon boulot qui colle bien avec le titre référence. On retrouve quelques créatures vues dans le premier film, comme Le Niffleur ou encore le Botruc.


Les décors quand à eux sont assez grisâtre et peu angélique, c'est assez pauvres de ce côté-là. Je m'attendais à un Paris plus démonstratif en magie, plus vivante. C'est dommage car en tant que Français j'aurais aimé en voir plus, mais ça colle bien avec le message passé, et puis c'est en adéquation avec le premier épisode qui présentait une Amérique terne envers son univers de sorcier.


On a eu droit dans l'univers Harry Potter à bon nombre de séquences spectaculaires, mais je dois dire que Les crimes de Grindelwald est le film le plus impressionnant de tous. La scène d'ouverture qui met en avant l'évasion de Grindelwald sous une pluie violente est étourdissante, une démonstration de mise en scène grandiose. Il en va de même pour le final ou on a droit à un sort relativement ahurissant et d'une puissance encore jamais vu dans cette saga, ce qui place directement très haut le level du bad guy.


Il est à noter une implication des sorciers dans le monde des Moldus enfin crédible!


Les sorciers n'ont pas à intervenir dans le monde des humains, mais lorsqu'on pense aux guerres mondiales, Hiroshima... on est en droit de se demander ce que faisaient les sorciers. Cette particularité donne tout son sens au personnage bien incarné par Jonny Deep, Grindelwald; qui ne cherche pas à détruire l'espèce humaine juste pour une question de supériorité du sang, mais surtout pour empêcher la Seconde Guerre mondiale d'arrivée ainsi que Hiroshima et Nagasaki.


Certes, il utilise des méthodes de dictateur car il estime que les humains doivent être contrôlés et soumis par le monde magique afin de stopper toutes leurs folies, et en soi comment lui donner tort.


Les agissements de ce sorcier sont à la fois compréhensibles et détestables, c'est vrai qu'il le fait de manière très violente et déterminé, mais quand il s'agit de sauver des millions de gens ne le serions-nous pas nous-même. La réunion des adeptes et superbement mise en images, la tension est palpable et celui-ci hôte enfin le voile pour dénoncer la folie des hommes. Il est intéressant et subtil de voir les Aurores passer pour des méchants ne cherchant pas à stopper la folie humaine, et voulant stopper Grindelwald quitte à tuer de sang-froid d'autres sorciers.
Jonny Deep laisse passer peu d'émotion ce qui lui confère une grande part de mystère, même son passé reste encore très évasif et il faudra passé par Dumbledore pour en savoir un peu plus sur ce point.


Dumbledore joué par Jude Law est plutôt sympa. On le voit peu, mais il nourrit très bien le récit et nous permet une replongé dans Poudlard. Sa relation avec Grindelwald est encore brumeuse, mais on sait à présent pourquoi il ne peut pas se confronter à lui. Il est certain que dans les prochains opus il prendra beaucoup plus de place, en attendant sans être incroyable il aura fait le job.


Eddy Redmayne alias Norbert Dragonneau est toujours aussi bizarre, j'aime bien ce personnage détaché qui ici prend moins d'importance que dans le premier film, mais s'avère malgré tout essentiel à l'histoire.


Le reste du casting est efficace rien de mauvais à signaler, j'ai trouvé Croyance (décidément je ne me fais pas à son prénom) bien plus intéressant; Tina est plus effacée mais reste présente; Jacob et Queenie apporte plus de substance à travers leurs relations; et Léta Lestrange argumente de par son passé et se trouve à être bien plus nuancé qu'il y paraît, toutefois à ne pas la confondre avec Bellatrix. Bellatrix lestranges est né de la famille Black elle est la cousine de Sirius, Léta appartient à une autre branche de cette famille.


La magnifique Claudia Kim dans le rôle de Nagini (future alliée de Voldemort) est assez secondaire et sert surtout d'échange narratif à Croyance, mais je ne doute pas qu'elle prenne bien plus d'importance par la suite. Je terminerais par la comédienne Poppy Corby-Tuech de son nom dans le long métrage Vinda Rosier qui joue apparemment le bras droit de Grindelwald, j'ai beaucoup apprécié son rôle, droit, intelligent, malin et cruel, j'espère qu'on aura droit à un peu plus d'éléments sur elle.


Pour tout fan d'Harry Potter, il est à énuméré bon nombre de clin d'oeil, entre le retour à Poudlard dans lequel on retrouve Dumbledore et Minerva plus jeune, et même les fameuses créatures du Lac encore jeune. On retrouve aussi Nagini, Nicolas Flamel et sa Pierre Philosophale. Certaines références sont également très fortes comme le meurtre d'un enfant d'à peine 3 ans par Grindelwald qui ramène directement à ce qu'a vécu Harry Potter par rapport à Voldemort, sauf qu'ici pas d'enfant sauveur ! Il y a également une annotation sur les parents de Tom Jédusor à travers Queenie et Jacob, ou elle n'hésite pas à utiliser le philtre d'amour sur lui, jusqu'à ce qu'il finisse par la traiter de folle.



A présent parlons des éléments négatifs!



Je dénote (bien entendu selon mes goûts) trois défauts, le premier étant le bien trop gros nombre de clins d'oeil à la saga Harry Potter. En soi si ce n'était que cela le problème ce ne serais pas grave et je le qualifierais de chef-d'oeuvre sans mal. En attendant je trouve tout de même qu'il y a eu beaucoup trop de référence caché ,""par ici le fan service!"" Fort heureusement le scénario se détache de ce que l'on a déjà pu voir, sinon on ne serait pas passé loin d'un Star Wars épisode 7 BIS.


Vient ensuite le second souci, la relation amoureuse entre Norbert et Tina qui est trop pompeuse et enfantine, prenant bien trop de place. Pendant à peu près un quart d'heure Jacob nous parle que de son amour pour Queenie et Norbert en fait de même avec Tina, jusque-là pourquoi pas, mais le problème vient de la place trop importante de ce sujet ce qui rend le tout trop long. En découle un trou dans le rythme ou on s'ennuie un peu durant 15 min.


Enfin vient le troisième point négatif en la personne de l'acteur William Nadylam sous les traits de Yusuf Kama qui apporte beaucoup de profondeur au récit et change pas mal la donne, mais bon sang que c'est super mal amené! J'ai eu l'impression qu'on avait rajouté son intégration après le tournage, c'est trop grossier, et difficile à suivre. En termes qualitatifs ça apporte plus de profondeur à l'histoire, mais c'est mal écrit et mal intégré dans le récit.


Enfin de ce que je peux lire ici et là, il y aurait des incohérences, personnellement au vu de leur basse consistance, je m'en moque éperdument. Que le sort Accio puisse être utilisé sur un être vivant alors qu'à la base non, ne me dérange aucunement; car quand on voit à quel point le Niffleur fait courir dans tous les sens Norbert dans Les Animaux Fantastiques je me dis que celui-ci a pu réussir à modifier son sort pour qu'il puisse fonctionner avec ce monstre.
Pour Minerva McGonagal présentée bien trop tôt à l'école des sorciers, là aussi en un ou deux ressort scénaristique on peut expliquer la possibilité d'une telle chose, et enfin pour la révélation final sur Croyance, il faut comprendre que c'est peut-être qu'un subterfuge, et si ce n'était pas le cas, laissons J.K répondre à toutes ses questions sans réponse dans les prochains films. Il faut arrêter de vouloir absolument tout savoir en un seul film, surtout qu'il reste encore trois opus à venir.


CONCLUSION:


Les Animaux fantastiques: Les Crimes de Grindelwald n'est pas exempt de défaut, mais il reste un bon film à la mise en scène spectaculaire de David Yates et au scénario captivant (même si on a droit à un ou deux loupé) signé J.K Rolling. Un long métrage convaincant, plein de surprises, répondant à bon nombre de questions tout en rajoutant d'autres derrières. Même si cet épisode 2 sert avant tout à conduire le suivant, on a droit à une sombre et originale plongée dans les méandres du côté obscur de la magie. Le plaisir est là, et on est ravie de replonger dans l'univers des Sorciers.

B_Jérémy
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le 24 nov. 2018

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