Charmé par le premier volet des aventures de Newt Scamander, me voilà qui me précipite coudes au corps pour voir la suite. Mitigé, en sortis-je. Les Crimes de Grindelwald est évidemment en deçà de son prédécesseur et des attentes suscitées, mais par bien des aspects il se défend, et en améliore même certaines idées.
Cette fois, les Animaux n'arrivent pas dans le récit comme un but subalterne qui fait qu'on se demande la moitié du temps ce que Newt fait là... Il y a une intrigue, riche de ramifications tarabiscotées mais qui ne s'interrompt pas pour partir à la chasse au Dahu.
Le premier flashback de Zoe Kravitz est particulièrement intéressant : j’avais peur que les scènes du passé de Newt soient brutalement insérées au chausse-pied mais cette solution fonctionne.
Jude Law s’en sort bien en Dumbledore ( alors que je voulais Jared Harris ) et Johnny Depp propose un Grindelwald affable et séduisant malgré un délit-de-faciès carabiné, ce qui constitue une originalité bienvenue dans l'univers de J.K. Rowling.
Et surtout le film conserve ses effets de styles à moitié expérimentaux et l'autre moitié expressionnisme Allemand, en particulier la scène chelou où Creedence-Obscurial s’énerve contre le mec qui a buté sa nanny.
Le contrat semble donc bien rempli.
Bien rempli ? Non, une poignée de détails irritants résistent encore...
A commencer par une continuité rétroactive malvenue. Au terme des Animaux Fantastiques le MACUSA était clairement identifié comme une bande de fils-de-putes imbus d'eux même qui tuent les innocents sans vergogne, et là le film débute sans que mot ne soit dit à ce sujet.
Puis Newt semble apprendre que Creedence a survécu alors qu'un plan du premier épisode montrait clairement qu'il était LE SEUL à avoir vu un morceau d'obscurial s'enfuir.
Ensuite, Kowalski a retrouvé la mémoire hors-champ avec une excuse bidon, histoire de gagner du temps... Annihilant sans pitié l'impact de la scène d'adieux sous la pluie.
Le rythme est absolument pété. Ça c'est particulièrement impardonnable... On suit avec ferveur et attention les trajets de tellement de personnages que certains en viennent à connaitre des revirements brutaux et pas forcément crédibles et d'autres semblent posés là juste pour déclamer des choses du passé qui plombent le récit.
La scène de révélations au Père Lachaise est symptomatique de cet échec : elle est looooongue, vide de toute menace ou de stupeur, on ne fait que suivre placidement de nouvelles informations.
Imaginez un seul instant que L'Empire Contre-Attaque procède ainsi...
"Non, je suis ton père.
- Ah bon ?
- Oui, car laisse moi t'expliquer, en fait j'ai pris un bateau et... [Flashback]
- Ah d'accord ! "
Et à ce problème de rythme vient s'ajouter un gros manque de clarté temporelle et géographique qui parasite des morceaux de bravoure qui auraient pu être captivants. De l'évasion de Grindelwald à l'affrontement final, il arrive fréquemment qu'on ne comprenne rien à la situation. Qui est où ? Qui se déplace ? Qu'est-il arrivé à tel ou tel personnage ? Souvent je suis obligé d'attendre la fin d'une scène pour connaitre le résultat.
Pour finir, je n'ai pas compris le titre. Les Crimes de Grindelwald ne montre en aucune manière Grindelwald commettre une série de crimes. Il échafaude, il manigance, tout ce que vous voulez, mais en matière de crimes, il demeure assez soft. Il laisse même ses sbires tuer les figurants.
Malgré tout, le film avec ses tares reste largement au dessus de l'immense majorité des Harry Potters et même si j'admets ne pas attendre l'épisode 3 avec autant de fièvre et de soubresauts, j'irai volontiers. À dans deux ans !