Préquel masqué

La saga "Harry Potter" terminée, on était en droit de se demander comment la Warner allait-elle rouvrir les robinets du box-office à une époque où les franchises à multiples épisodes et univers croisés ont le vent en poupe. "Les Animaux fantastiques" est un petit livre écrit par J.K. Rowling (la maman d'Harry Potter pour les non-terriens) et faisant le catalogue des créatures fantastiques présentes dans l'univers du jeune sorcier. Autant dire rien de concret pour la réalisation d'un film digne de (certains) des précédents oeuvres dédiées à Potter et ses amis. C'était sans compter sur le retour de David Yates qui a su clôturer la saga avec brio après l'avoir certes charcuté avec un sixième épisode peu recommandable et surtout, sur un scénario original écrit par Rowling en personne. Alors, film de trop destiné à engranger les dollars ou oeuvre à part entière digne d'intérêt? Eh bien contre toute attente, le film remplit le cahier des charges du blockbuster de fin d'année avec brio et dépasse même la plupart de ses prédécesseurs. Les clés de cette réussite? Une marge de manoeuvre décuplée grâce à une liberté scénaristique qui s'affranchit d'un quelconque livre. Si de multiples références à l'univers d'Harry Potter sont bien présentes et si on sent à plein nez une nouvelle saga qui risque de s'orienter vers les origines de certains personnages phares des précédents films, "Les Animaux fantastiques" est une oeuvre originale qui sait s'adresser aux fans de la première heure tout en permettant aux petits nouveaux d'accrocher à un film qui fait la part belle aux monstres et aux non-magiciens et laisse de côté les combats surpuissants et l'indigestion de tours de magies.En s'entourant de figures connues (Colin Farrel, Jon Voight) et de petits nouveaux (Eddie Redmayne en tête qui nous livre un personnage beaucoup plus intéressant et ambigu que le petit prodige à la cicatrice), David Yates compose un casting équilibré qui soutient à merveille une double intrigue tout à fait cohérente et qui ressemble enfin à du vrai cinéma qui prend son temps là où les fans attendaient des autres films que telle ou telle scène soit présente au risque de ralentir l'intrigue ou de se retrouver avec des passages dénués d"intérêts pour un format ciné. Des gaffes d'un non-magicien propulsé par hasard dans un rêve coloré et délirant aux recoins sombres d'une maison hantée par le mal et abritant une étrange secte, "Les Animaux fantastiques" est une réelle bonne surprise qui regorge de bonnes idées et qui confirme, après "Tarzan" cet été, que David Yates sait manier le blockbuster avec talent et en faire un objet d'émerveillement.