• La plupart des meurtres sont le fruit de la nécessité plutôt que du désir, mais les plus grands d'entre nous, Dammer, Gacy, Bundy, ont tué parce que ça les excitait.

  • Je t'interdis de... Je n'ai rien à voir avec eux, ni avec toi, ne m'adresse pas la parole ! Ce sont des dingues.

  • Là, on touche à la sémantique. Si je te disais que ce qui est dingue pour moi, c'est de passer quarante années de sa vie à travailler huit heures par jour, cinq jours sur sept, dans un bureau minable avant d'être jeté et de se retrouver dans un asile de vieillards à appeler la mort de ses vœux dans l'angoisse de ne pas arriver jusqu'aux toilettes à temps. Pour toi, ce n'est pas de la folie ça ?



Le cinéaste Simon West (un habitué du genre) en duo avec le producteur Jerry Bruckheimer (à l'origine de USS Alabama et de The Rock) nous présente avec Les Ailes de l'enfer un thriller d'action sans limites intelligent et ironique présentant un condensé de rebondissements mémorables, autour d'un scénario jonché de lignes homériques amusantes disposant d'un tas de caractères qui en font un film hors normes très divertissants. Un long-métrage original qui apporte quelque chose de surprenant et d'amusant de par la localité de l'action autour d'un avion carcéral, le " Jailbird '', détourné par des prisonniers. Un espace confiné pour toujours plus de tensions avec quelques échappatoires externes apportant une variante dans le cheminement perfectionné garantissant toujours plus de surprises. Une oeuvre qui malgré la générosité des évènements ne tombe jamais dans l'absurdité totale, ni dans l'incrédulité imbécile grâce au scénario de Scott Rosenberg qui parvient à faire du tout un ensemble digeste, saisissant et puissant. Le récit vous saisit complètement du début à la fin maintenant un élan savoureux qui n'échappe pas à quelques clichés pour ce genre typique des années 90 mais qui reste à ce jour assez unique en son genre. Des films comme ça on en fait plus !


Au programme : cascades incroyables, grosses explosions, répliques cultes, actions généreuses, sensations fortes avec des séquences extravagantes mais jamais ridicules comme lors d'un final improbable avec une destruction de masse dans les rues de Las Vegas avec l'avion carcéral qui se pose en catastrophe lors d'un atterrissage forcé surprenant qui fait des dégâts. Les confrontations ne manquent pas avec de nombreux duels au corps-à-corps où Cameron Poe (Nicolas Cage) fait du sale à travers des chorégraphies crédibles qui jamais ne partent dans l'énormité surréaliste, permettant de toujours garder un pied à terre même lorsque l'action est située en vol. Le final tient toutes ses promesses avec une course poursuite endiablée où Cameron Poe accompagné de Vince Larkin (John Cusack) se lance à moto à la poursuite d'une ambulance tenue par les trois derniers prisonniers permettant ainsi un condensé de péripéties à la hauteur avant la réconciliation finale tant attendue par le héros auprès des deux femmes de sa vie, clôturant ainsi le récit sur une touche dramatique très touchante.


L'ironie n'est jamais loin avec des scènes bidonnantes comme lorsque le cabriolet de l'agent arrogant et stupide "Duncan Malloy" (Colm Meaney), qui voue un culte à sa voiture se retrouve attachée au niveau du pare-chocs par une corde la reliant à la queue de l'avion qui s'envole tirant l'auto vers les airs pour mieux chuter et se fracasser au pied de son propriétaire dépité. Les répliques mémorables ne manquent pas, étant distillées intelligemment par un personnage principal complètement biaisé par les évènements qu'il prend comme une fatalité car étant toujours au mauvais endroit au mauvais moment, permettant des dialogues inoubliables dans lesquels celui-ci ne s'étonne de plus rien malgré les nombreuses situations abracadabrantes : "" En d'autres circonstances je m'étonnerai, mais là aujourd'hui... '''' D'autres personnages ne sont pas en reste de citations cultes comme avec Cyrus le Virus : '''' Si jamais tu dis un mot de travers, le prochain ballet aérien auquel tu participeras sera celui des mouches qui viendront voler et butiner sur ton cadavre pourrissant. '''' Le pompon revenant indéniablement à Garland Greene qui est incroyable, comme lorsque les prisonniers de l'avion dansent et chantent en plein vol sur Sweet Home Alabama : '''' Comble de l'ironie, une bande d'abrutis danse à bord d'un avion sur un célèbre morceau d'un groupe dont les membres sont tous morts dans un crash.'''
En d'autres termes c'est mortel !




  • Merde, y'en a un qui t'as chier dans la bouche ou quoi ?

  • Ouais, mais c'était par amour.



La direction cinématographique de Simon West est techniquement irréprochable avec des prises au sol et dans les airs au-dessus de l'Utah et du Nevada efficaces malgré quelques petits effets vieillissant côté FX mais le trompe œil reste appréciable et ne dérange pas outre mesure. Que ce soit la mise en scène, le montage, le rythme, jusqu'à la conception artistique, rien n'est laissé au hasard, on sent l'investissement du cinéaste et de sa distribution sur un projet de cette envergure. La composition musicale de Mark Mancina et de Trevor Rabin offre de nombreux titres aux scores percutants avec des thèmes facilement mémorisables pour une partition fun, rythmée, rock et puissante.


Les Ailes de l'enfer s'entoure d'acteurs talentueux pour des personnages intenses à commencer par Nicolas Cage en tant que Cameron Poe, Ranger décoré injustement emprisonné pour meurtre après avoir défendu sa compagne lors d'une agression. Il est réinséré sur parole pour bonne conduite après des années de captivité. Un premier jour de liberté en huit ans d'emprisonnement pour Poe qui va se payer très cher. Cage incarne un héros infiltré malgré lui au tempérament doux, loin des clichés caricaturaux amenant une nuance bienvenue avec une tronche atypique. La nonchalance qu'il dégage tout du long et qui ne colle pas avec ses actions est formidable. Un héros au grand coeur malchanceux.
John Malkovich en tant que Cyrus le Virus, criminel impitoyable, est excellent en tant que cerveau principal du mal aux nombreuses condamnations, notamment pour enlèvement, vol, meurtre et extorsion, qui dégage un raisonnement analogique et psychotique qui ensemble font des merveilles. Charismatique de bout en bout !
Ving Rhames pour Diamond Dog, ancien chef militaire suprémaciste noir reconnu coupable de plusieurs meurtres, en tant que bras droit de Cyrus n'est pas en reste, offrant de bonnes séquences.
Steve Buscemi pour Garland Greene le psychopathe avec plus de trente meurtres barbares à son actif faisant passer Manson pour un enfant de choeur est absolument génial ! Un personnage sidérant et effrayant qui avec peu arrive à faire beaucoup. Il tient le monde dans ses mains ! Sa première arrivée en mode Hannibal Lecteur marque les esprits, avec un Cyrus qui ne manque pas de lui dire lors de sa première rencontre : '''' J'aime beaucoup ce que vous faites. ''''


John Cusack pour Vince Larkin en tant que membre du US Marshals Service qui supervise le transfert des prisonniers à bord de l'avion carcéral est un personnage juste qui fera la liaison avec Poe pour offrir un duo approprié. Toute la distribution secondaire fonctionne merveilleusement avec des personnages atypiques comme Colm Meaney en flic arrogant détestable pour Duncan Malloy, Mykelti Williamson pour Baby-O le meilleur pote de Poe, Danny Trejo pour le violeur Johnny-23 (23 en réponse au nombre de femmes violées), Nick Chinlund pour le prisonnier Billy Bedlam qui est le premier à découvrir la véritable identité de Poe qu'il affrontera dans la soute à bagages avec la fameuse réplique : '''' Remets le lapin dans la boîte... '''', Renoly pour Sally-can't Dance (mignonne en son genre), M.C. Gainey pour Swamp Thing le pilote moustachu jovial avec son casque militaire, ou encore Rachel Ticotin pour Sally Bishop, la seule réelle présence féminine constante du film qui en manque un peu, malgré les participations de Monica Potter pour Tricia Poe (la femme de Poe), qui est magnifique et qui dégage une belle douceur, ainsi que sa fille de huit ans '' Casey Poe '' incarnée par Landry Allbright.



CONCLUSION :



Simon West présente avec Les Ailes de l'enfer l'un des meilleurs films d'action des années 90, un thriller musclé enflammé terriblement divertissant sur un scénario bien développé à la réalisation soignée pour un maximum de séquences cultes avec des répliques mémorables, le tout appuyé par un gigantesque casting pour des personnages excellents.


Il y a des films qui peuvent traverser la tête haute l'épreuve du temps, et celui-ci en fait indéniablement partie.



Je n’ai confiance qu’en deux personnes, la première c’est moi et l’autre c’est pas vous.


Créée

le 23 janv. 2022

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