Hommage clairement affiché aux plus grands noms du cinéma français Les acteurs de Bertrand Blier fait figure d'oeuvre à la fois atypique, inégale et pleinement récréative dans le paysage du Septième Art.
Loin du souffle libertaire des premiers films du grand dialoguiste Les acteurs fonctionne surtout par et pour son concept, se rapprochant davantage de l'absurdité d'un Buffet Froid. Jusqu'au-boutiste et un rien provocateur ce film peu banal manque parfois de rythme et de liant, sans doute trop radical pour permettre une homogénéité et une adhésion totales.
Au programme : un Jean-Pierre Marielle sur le retour quémandant vainement un pot d'eau chaude ; une Josiane Balasko remplaçant au pied levé André Dussollier ; un Jean-Paul Belmondo et un Michel Serrault en pleine marrade surréaliste et passéiste, menacés par un Dupontel impérial en agent collabo ; Alain Delon déclamant une tirade tristounette mais étrangement attachante à l'adresse des vieux monstres ; Jacques François hilarant en second couteau incompris et revanchard ; Pierre Arditi et Jean-Claude Brialy amusants d'autodérision...
Si l'on déplore parfois un scénario en roue-libre et un enchaînement de scènes évoquant plus le film à sketches qu'autre chose Les acteurs est un long métrage ne manquant ni d'esprit ni de style. A l'image des dernières créations de Bertrand Blier ( Les côtelettes, Combien tu m'aimes...) l’habillage formel évoque ici moins le cinéma que le théâtre filmé, malgré le soin que porte le réalisateur à pointer les ficelles du cinématographe.
Toutefois l'écriture des dialogues demeure souvent remarquable, parfois même délectable, prouvant encore une fois que Blier n'a pas son pareil pour associer chaque réplique au comédien idoine. Un moment très sympathique en perspective, généreux et tendrement doux-amer. A voir.