Après L'homme qui en savait trop en 1934, Les 39 Marches confirme Hitchcock dans l'espionnage et le suspense, style qu'il continuera d'exploiter jusqu'à la fin de sa carrière. On retrouve ici tout ce qui fera le succès d'Hitchcock dans la première partie de sa carrière hollywoodienne et c'est pour moi son sommet anglais avec Une Femme Disparaît.


Comme souvent, il choisit de mettre un humain ordinaire dans le rôle d'un coupable accusé à tort qui ne comprend pas ce qui lui arrive et à nouveau, il met en avant une police incompétente. L'histoire, nous emmenant au cœur d'un complot d'espionnage autour d'un jeune canadien vivant à Londres, tout comme les personnages, est très bien écrite, mais c'est surtout à eux que s'intéresse Hitchcock, les relations qu'ils vont avoir et les péripéties qui vont leur arrive jusqu'à un final parfaitement orchestré et mémorable.


On retrouve dans Les 39 Marches tout le génie d'Hitchcock et c'est un vrai régal. Il ne nous laisse aucun répit et nous entraîne avec le héros dans tout un lot de péripéties où suspense, sensations fortes, humour british, MacGuffin, histoire d'amour imprévisible et charme fou seront à leur comble. Au-delà même du suspense et de l'intrigue, c'est vraiment grâce à ses personnages que le film est si bien réussi, notamment le couple composé de Robert Donat (génial en charmeur habile et beau parleur) et Madeleine Carroll dont les relations, dialogues et sous-entendus sont aussi piquants que savoureux. Elle prend merveilleusement place dans la lignée des blondes hitchcockiennes et le maitre du suspense, qui ici porte très bien son surnom, ne la néglige jamais, sachant la traiter avec aisance, humour et subtilité.


Hitchcock orchestre son récit avec brio, met son héros dans diverses postures et enchaîne assez vite les situations. Le montage est parfait, sachant retranscrire l'urgence des protagonistes et la tension arrive assez vite sans jamais redescendre, bien au contraire même. Hitchcock nous immerge dans une grande variété de lieux et d'ambiances sans jamais se faire lourd ou lassant et plusieurs séquences sont mémorables, témoignant de toute la maitrise et génie de ce réalisateur, que ce soit dans le train, à l'auberge ou durant le final. La construction est assez similaire à quelques-unes de ses futurs œuvres, et c'est ici totalement efficace, surtout qu'il ne manque pas d'humour et de légèreté alors que le danger est constamment présent, notamment lorsque notre couple se trouve au coin du feu. La photographie en noir et blanc est superbe, tout comme l'exploitation des décors et paysages (les brumes écossaises surtout) et le film n'a pas pris une ride, il reste un régal et un modèle d'efficacité et de maîtrise.


Préférant se concentrer sur ses personnages que sur l'intrigue et sa machination, Hitchcock nous fait vivre sans temps morts de nombreuses péripéties et sensations fortes, ne manquant surtout pas de maîtrise, d'humour, d'efficacité et surtout de charme. L'un de ses sommets anglais et il construit un modèle qu'il reprendra à de nombreuses reprises à l'avenir, à commencer par La Mort aux Trousses.

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le 5 juil. 2016

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Docteur_Jivago

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