Sitting down here in the campfire light

Un homme, dont on ne sait pas grand chose, vit dans un campement avec sa fille, adolescente, dans une forêt. Ca commence ainsi, et pendant un quart d'heure environ, le spectateur assiste, un peu ébahi, à un quotidien plutôt heureux, quoiqu'un peu dépourvu de confort. Et puis la société va le rattraper, le gars - dont je n'aurai pas réussi à saisir le nom - vivant complétement en marge de la normalité et vont alors s'enchainer un certain nombre d'événements.


Mais "Leave no trace" n'est pas un film violent, c'est plutôt la chronique intimiste et douce-amère d'une marginalité sage, bienveillante et surtout assumée. Rien à voir avec une descente aux enfers. Marginalité du père, du moins, dont on comprend par petites touches qu'il s'agit en fait d'un vétéran de guerre qui ne supporte plus de vivre en société dans son pays, à moins qu'il ne soit allergique à toute présence autre que celle de sa fille. Qu'a-t-il vécu, quels traumatismes a-t-il subi: on le saura jamais, puisqu'en définitive, c'est de sa fuite dont il question. De sa fuite et de sa relation, très forte, avec sa fille : ce qui donne à voir un très bon duo d'acteurs.


Une fuite qui va amener le spectateur dans les coins les plus reculés de Etats-Unis, où notre duo va côtoyer une foule de personnages secondaires, que l'on pourrait qualifier de loosers, au sens qu'ils n'incarnent guère le rêve américain : services sociaux, agriculteurs, sdf, routier, tenancière de camping. Loosers qui s'avèrent finalement être des gens plutôt sympathiques. Et qui ne seront pas sans influence sur la fille, Tom. Ce qui amènera le film à se conclure sur une scène finale pleine de sobre émotion, très réussie...


Voilà, un film plutôt cool et humaniste, qui porte un regard plein de tendresse sur les Etats-Unis d'aujourd'hui, avec ses petites gens et ses paysages, souvent superbes lorsqu'ils sont naturels, ces derniers offrant un contraste frappant d'avec les scènes tournées en ville.

Marcus31
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le 7 oct. 2018

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