Après le coup de maître que fût "Princesse Mononoke" en 1997, Hayao Miyazacki signe dans la foulée ce qui est souvent considéré comme l'une de ses oeuvres majeures, "Le Voyage de Chihiro" ou l'aventure initiatique d'une jeune fille dans le royaume des esprits et des démons.
Ce qui frappe d'emblée, c'est la richesse visuelle encore jamais vue dans le cinéma de Miyazacki. Chaque minute d'écran est un enchantement pour les yeux tant le cinéaste a décidé de mettre le paquet niveau bestiaire et décor, en témoigne cette somptueuse et inquiétante bâtisse qui accueille, chaque nuit, un défilé de créatures mystiques aussi intrigantes qu'absurdes. S'il est vrai que l'on peut se sentir parfois perdu dans un univers dont les codes semblent bien inaccessibles, au bout d'un certain temps d'adaptation, on se laisse porter par le véritable coeur du film : le courage inébranlable d'une jeune fille qui va contaminer tout ce beau monde de son empathie et de son amour. Le film revêt alors un aspect universel teinté de compassion et d'altruisme qui dépasse les codes culturels inhérents au pays du soleil levant.
Mais point besoin d'un quelconque message pour déguster cette rêverie fantasque sur pellicule. "Le Voyage de Chihiro" est l'un de ces rares films tout entier dédié à son univers, jamais auto-centré et toujours innovant. On a parfois l'impression de perdre le fil des évènements mais le scénario parvient, dans sa dernière ligne droite, a lié tous ses éléments et ses innombrables personnages pour proposer l'une des conclusions les plus satisfaisantes de la filmographie de Miyazacki.
Sans doute moins puissant dans le message qu'il porte qu'un "Princesse Mononoke" mais tout aussi indispensable pour notre imaginaire.