"Pourquoi ne dis-tu jamais ce que tu as dans la tête ?"

"Le Village" est probablement l'un des films les plus étranges que j'ai pu voir, mais au-delà de cette étrangeté, de ce mystère tenu constant pendant le film, on y décèle une leçon d'amour, de vie et de courage. "Le Village" démontre avec ingéniosité que même la plus parfaite des utopies que l'on puisse s'imaginer comporte des failles. Dans le film, la petite communauté qui vit en autarcie dans ce village pense se préserver de tous les malheurs qui incombent la vie courante, hors le film dénonce que même lorsque l'on se croit à l'abri tout peut arriver, y compris le pire. Oscillant entre une histoire d'amour simple mais belle et pure, et entre l'acharnement de vouloir préserver son bien le plus cher (ici représenté par les anciens qui veulent à tout pris conserver cette petite communauté dans le village où ils ont choisit de s'exiler), Shyamalan exploite ainsi de nombreuses idées intelligentes telles que la notion de courage ou encore de peur. Le film est en lui-même une métaphore des peurs que chacun peut ressentir face à l'inconnu, c'est une sorte de conte poétique et effrayant.

La réalisation est excellente, Shyamalan dirige ses acteurs avec brio. On retrouve la fantastique Bryce Dallas Howard, toujours aussi fragile, pure, pleine de fraîcheur et de justesse, une actrice merveilleuse, et ce rôle ainsi que celui de "La Jeune Fille de l'Eau" lui vont à merveille. Joaquin Phoenix est convaincant, juste dans son jeu, jamais dans l'excès mais exactement comme il le faut, son personnage paraît pourtant difficilement abordable. Adrien Brody est quant à lui excellent, ce rôle de déficient mental est une aubaine pour l'acteur, un rôle dont l'interprétation complexe permet à l'acteur de se lâcher.
La bande originale composée par James Newton Howard est superbe, elle reste en mémoire.

"Le Village" est un film à part, une œuvre soignée et juste, un film à voir avec son cœur pour en savourer la virtuosité. Shyamalan signe ici son meilleur long-métrage pour ma part. Ce n'est ni audacieux, ni révolutionnaire, c'est simplement poétique et honnête.