Le Soprano
Et si Marco Bellocchio était l'un des grands réalisateurs italiens (presque) oubliés par l'histoire ? Depuis le choc de son "les Poings dans les Poches" en 1965, il a réalisé près d'une cinquantaine...
Par
le 1 nov. 2019
40 j'aime
12
Sincèrement, cette note me peine presque. Parce que « Le Traître », c'est quand même un bon film. À 80 ans, Marco Bellocchio confirme qu'il n'a rien perdu de sa maîtrise et a peu d'égal aujourd'hui pour s'emparer de l'Histoire de son pays à travers des périodes, des événements le caractérisant au plus haut point, en l'occurrence le premier « repenti » de la Cosa Nostra, à travers un récit fleuve se déroulant sur plus de deux décennies.
Pas mal de scènes et de moments forts, filmés avec beaucoup de précision, le cinéaste montrant une vraie capacité à imaginer des situations, des décors, des « personnages » ayant manifestement beaucoup d'allure et de personnalité, confortés par l'écriture très précise des dialogues. Enfin, celui-ci peut compter sur une interprétation de premier ordre, l'excellent Pierfrancisco Favino en tête, entouré par de vraies gueules de cinéma, pas loin d'évoquer un certain âge d'or italien, notamment lors de cette scène assez dingue du Maxi-Procès, où l'auteur des « Poings dans les poches » se rappelle aux plus belles heures de Francesco Rosi ou Elio Petri.
Malheureusement, certains aspects m'empêchent d'être vraiment enthousiaste. D'abord, même si la dimension « fresque » historique pourrait les justifier, 2h30, c'est vraiment long. Difficile d'échapper à l'impression de répétition, et sans que certaines séquences soient réellement inutiles (quoique), on a plusieurs fois l'impression que cela va se terminer, pour finalement continuer, parfois longuement. Plusieurs passages semblent s'étirer ad vitam aeternam, au point de frôler l'ennui. Également trop de personnages, si bien qu'on a souvent du mal à les identifier, à se souvenir de leur rôle précis au sein de l'organisation, la relation qu'ils avaient avec Buscetta...
Si Bellocchio a la science de la mise en scène, je suis moins convaincu par sa science du récit, cette complexité, aussi virtuose soit-elle, nous perdant à plusieurs reprises, me demandant parfois un réel effort de concentration sur le pourquoi du comment. Maintenant, il y a de l'ampleur. Cette absence de linéarité, ce retour à une dimension éminemment politique dans un pays qui a sans doute eu le plus grand cinéma dans ce domaine est à saluer. Une œuvre de qualité, à laquelle on peut ne pas être sensible par son approche scénaristique et son caractère presque nébuleux dans sa profusion de protagonistes difficilement discernables, mais ayant le grand mérite d'offrir un spectacle digne de ce nom et quelques scènes de premier ordre : de quoi justifier le détour.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2019
Créée
le 17 nov. 2019
Critique lue 168 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Le Traître
Et si Marco Bellocchio était l'un des grands réalisateurs italiens (presque) oubliés par l'histoire ? Depuis le choc de son "les Poings dans les Poches" en 1965, il a réalisé près d'une cinquantaine...
Par
le 1 nov. 2019
40 j'aime
12
Même si le nom de Marco Bellocchio attisait déjà l’intérêt des festivaliers, Il Traditore n’était pas le film le plus attendu de la Compétition. Pourtant, au sortir de la séance de gala au Grand...
Par
le 26 mai 2019
39 j'aime
7
Dans les années 80, la guerre fait rage au sein des différents clans de la Mafia. L'un de ses membres, Tommaso Buscetta, va briser la loi du silence et livrer des révélations qui permettront au juge...
Par
le 29 oct. 2019
33 j'aime
11
Du même critique
Je garde un assez bon souvenir des « Petits mouchoirs », que je n'ai pas revu depuis sa sortie (ce que je ferais prochainement). J'avais ainsi bon espoir que Guillaume Canet soit capable de...
Par
le 11 mai 2019
32 j'aime
6
Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...
Par
le 7 nov. 2021
27 j'aime
31
Cela restera une vraie question pour moi : ai-je eu raison de revoir la version de David Lynch seulement quelques jours avant celle de Denis Villeneuve ? Ce qui me semblait être une bonne idée sur le...
Par
le 3 oct. 2021
22 j'aime
15