La vie kaléidoscopique, ou le hasard et la nécessité

Pour le premier long métrage d'Olivier Treiner c'est une belle réussite !

Reposant sur les hasards que la vie nous offre, et au-delà de ses propres choix, (l'oubli d'un passeport, l'issue d'un pile ou face, la rencontre inopinée en trébuchant, le tabouret de la pianiste qui grince...), le film explore 4 vies possibles de Julia, une jeune pianiste de talent, interprétée par une Lou de Laâge magistrale.

Même si l'idée n'est pas neuve (Mr Nobody de Jaco van Dormael, la Part de l'Autre d'Eric- Emmanuel Schmitt...), l'originalité ici est la simultanéité des situations et le fondu enchaîné des vies au point qu'on finit par s'y perdre, ce qu'on pourra aimer ou détester...

Le côté haletant et jubilatoire du film, à condition de se prendre au jeu, est justement d'essayer de savoir en permanence à quelle Julia on a affaire, ce qui donne un côté très kaléidoscopique au film...

Evidemment dans ce contexte, il ne faut pas s'attendre à une profondeur des relations et des sentiments, mais au moins découvre-t-on la palette des émotions que l'héroïne va ressentir, et qu'on peut tous vivre dans une seule vie, entre le bonheur, la résussite professionnelle, la difficulté ou la satisfaction de la relation avec les autres, la dépression, le malheur et l'espoir...

Dans ce tourbillon et l'aisance qu'a Lou de Laâge à interpréter tous ses rôles caméléon, les autres personnages sont quelque peu éclipsés, sauf ses parents (Isabelle Carré, Gregory Gadebois), qui sont des points de répère pour Julia dans chacune de ses vies tout au long du film, avec des relations plus abouties ; je donnerais une mention spéciale à Grégory Gadebois, qui joue très juste et sert de référence indispensable dans les différentes quêtes de Julia...

On notera la belle présence, et les rôles plutôt cyniques et superficiels, joués par Raphaël Personnaz dans la peau de Paul, amant puis mari ou ex dans 2 des 4 vies. Son personnage apporte tout de même une belle controverse à la notion de hasard, puisqu'il y oppose une approche scientifique, en tant que mathématicien, sur laquelle on pourra utilement s'interroger...

Hélas, les autres personnages sont quasi périphériques et surtout on n'a pas le remps de s'y attarder..., y compris Denis Podalydes dont on aurait pu attendre davantage de profondeur...

La fin, quelque peu grandiloquente, peut paraître décevante surtout que le réalisateur y choisit l'une des quatre vies (la meilleure selon lui ?), ce qui peut se discuter...

Le tourbillon de la vie est globalement un très bon film, à voir pour la palette des émotions qu'il procure, à condition d'avoir envie de jouer le jeu et d'être attentif au scénario dès la première minute...

On y décèle aussi quelques références intéressantes : le concert avec piano lors de la chute du mur de Berlin, allusion à Rostropovitch dans la même situation réelle en novembre 89, ou le jeu des petits pains sur le comptoir, allusion à la scène de Charlie Chaplin dans la Ruée vers l'Or...

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le 23 déc. 2022

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Azur-Uno

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