L'amour est la plus noire de toutes les pestes.

Cris et Chuchotements m'avait ému bien au delà de mes espérances, j'étais donc très impatient de découvrir ce que Ingmar Bergman pouvait faire en partant du synopsis du Septième Sceau, certainement l'un des plus prometteurs du cinéma.


Le film s'ouvre sur la rencontre entre un chevalier revenant des croisades et Mort, qui aboutira sur cette fameuse partie d'échecs. Elle se déroule sur une plage déserte, donnant un sentiment de "bout du monde" à la scène. J'avais envisagé le film comme un long dialogue métaphysique entre les deux personnages, entrecoupés de flashbacks. Finalement, le réalisateur se détache rapidement de cette scène pour montrer le retour au foyer du croisé et de son écuyer.


Ce voyage au cœur d'un pays ravagé par la peste est l'occasion de se confronter aux habitants, tous en proie à la peur et la folie. Cette époque sombre est parfaitement retranscrite par une ambiance extrêmement pesante. En outre, plusieurs scènes apportent au spectateur un sentiment d'irréel, de cauchemar juste avant la fin du monde. C'est le cas par exemple de l'arrivée inattendue du cortège des personnes faisant pénitence, qui cherche à faire culpabiliser les villageois de manière écœurante et désespérée.


Dommage qu'on ne retrouve pas la même intensité quand Bergman représente la famille de troubadours. Ils sont montrés avec tellement de simplicité qu'ils me paraissent détachés du reste, des malheurs des personnages comme du film en général. C'est voulu par le réalisateur, mais cela ne parvient pas à m'intéresser autant que le quotidien des paysans et les questionnements existentiels du chevalier, qui parviennent à donner des vertiges. De plus, le récit s'attarde sur certains personnages qui n'ont pas grande importance. C'est le cas de la femme du forgeron et la fille du village abandonné, qui n'ont pas de rôle précis à jouer. Elles ont l'air d'être là pour que le groupe soit composé de six personnes à la fin... Cet aspect du film est beaucoup plus inégal.


L'aspect dramatique du Septième Sceau est exemplaire. Le film est en effet parcouru de scènes captivantes (toutes les apparitions de la Mort) qui soulèvent intelligemment de grandes questions sur la mort et la religion (grâce à l'opposition entre le chevalier et l'écuyer). Le ton positif est plus hésitant, parfois mal amené. Bergman a du mal à jongler avec les deux et celui-ci tombe un peu aux oubliettes, si l'on excepte ce final de toute beauté.

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le 18 févr. 2016

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