Questionner la fatalité tout en lui donnant corps, Ingmar Bergman impose dans Le Septième Sceau l'allégorie de nombreuses de ses œuvres.
Au XIVe siècle, dans une Suède ravagée par la peste, le chevalier Antonius Block fait la rencontre de la mort. Il ne peut l’accepter sans avoir trouvé réponse à ses interrogations sur le sens de la vie et lui propose une partie d’échec afin de retarder l’échéance. Entre chaque coup stratégique, le chevalier voyage en compagnie de son écuyer en observant ce qui l’entoure d’un nouvel œil. Le memento mori ne se fait pas pour autant oublier, et Bergman l’exploite sous différentes formes, jusqu'à aller à la provocation. Alors qu’il pense s’entretenir avec un prêtre, le chevalier exprime ses doutes sur la bonté de Dieu à son adversaire de jeu. Au-delà de la tromperie c’est bien le symbole de cet échange qui interpelle, la mort se substitue à la parole du Divin, elle apporte l’ultime réponse et dès lors la question du néant. Afin d’accompagner son discours métaphysique, Bergman choisi un contexte historique marquée par la peste. Comme toute cause aux conséquences incontrôlées, l’épidémie tend à basculer du tangible au sacré. Ce signe de l’Apocalypse accentue le climat pesant d’un récit d’ores et déjà fataliste. Seule une famille de saltimbanque apporte un bol d’air frais avec leur mode de vie et la jouissance des plaisirs simples. Et si le rapport à la spiritualité est présent avec les visions du père, son sens diffère de celui entretenu par Block. La lumière fait face à l’obscurité. Une opposition au cœur de l’œuvre et de la conception du noir et blanc, que la mise en scène emploie remarquablement. Néanmoins, le dénouement ne laisse entrevoir une quelconque lumière au bout du tunnel, la fatalité se saisie de la vanité, une danse macabre clôt le sens de l’existence.

Loglady
8
Écrit par

Créée

le 16 déc. 2013

Critique lue 417 fois

2 j'aime

Log Lady

Écrit par

Critique lue 417 fois

2

D'autres avis sur Le Septième Sceau

Le Septième Sceau
DjeeVanCleef
10

S'il n'est pas trop tard, Ingmar

Ingmar, si tu m'entends, j'ai un truc à te dire. Ça ne prendra pas longtemps, j'ai cinq minutes et toi l’Éternité, alors n'aie crainte, je viens en ami. Du passé, faisons table arabe ! Je viens pour...

le 4 sept. 2013

118 j'aime

19

Le Septième Sceau
pphf
10

Et maintenant, l'apocalypse

« Quand l’agneau ouvrit le septième sceau, un grand silence envahit la terre ». Après le passage des quatre cavaliers et leurs cortèges de misères, les guerres, les désastres naturels, la peste,...

Par

le 16 mai 2014

87 j'aime

9

Le Septième Sceau
Grimault_
9

Sceau vers l'au-delà

Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman est un incontournable pour beaucoup de cinéphiles, car il fait partie de ces films qui assurent au spectateur un vertige enivrant, assailli de questions...

le 16 juil. 2018

77 j'aime

8

Du même critique

Le Bourreau
Loglady
7

Fatalité sociale

Difficile de jouir d'une bonne image lorsque l'on est publiquement celui qui œuvre à la mise à mort d'autrui. Même si l'exécution est une décision de justice, le bourreau est contraint d'être mis à...

le 13 juil. 2014

2 j'aime

Phantom of the Paradise
Loglady
7

Un réquisitoire baroque

Comme une annonce de son destin, la première œuvre interprétée par Winslow est une cantate sur le mythe de Faust. Cette référence est centrale dans la tournure prise par la relation entre le...

le 5 févr. 2014

2 j'aime

2

Le Septième Sceau
Loglady
8

Lorsque la fatalité prend corps

Questionner la fatalité tout en lui donnant corps, Ingmar Bergman impose dans Le Septième Sceau l'allégorie de nombreuses de ses œuvres. Au XIVe siècle, dans une Suède ravagée par la peste, le...

le 16 déc. 2013

2 j'aime