SPOILERS
Le Septième Sceau est le premier film d'Ingmar Bergman que j'ai eu la chance de visionner. Et je suis heureux de dire que j'ai vraiment accroché ! Quand on s'attaque à un classique, qui date un peu qui plus est, il y a toujours cette appréhension de passer à côté, de ne pas comprendre le génie.
Mais je dois dire que ce film n'est pas aussi austère qu'il n'y paraît, et reste relativement accessible.
Déjà, de par la diversité des thèmes qu'il aborde : la mort, bien sûr, la maladie, mais aussi Dieu et la foi. Le pitch accrocheur, un chevalier défiant la mort à une partie d'échecs, aide à ne pas décrocher au début du film. Si au départ c'est un moyen pour lui de gagner du temps, il va vite essayer de trouver des réponses à ses questionnements existentiels.
Le cadre dans lequel s'inscrit le long métrage est particulièrement intéressant : une épidémie de peste, au Moyen-Âge. Il permet de donner au film une ambiance apocalyptique (où des comédies grossières se transforment subitement en prédictions funestes du Jugement Dernier). C'est aussi un prétexte parfait pour s'interroger sur sa foi (ou son absence de foi ?), et sur le sens qu'on a souhaité donner à notre vie. Si le découpage narratif du film m'a un peu perdu au début, je me suis surpris à être vraiment happé par certaines scènes, bien jouées, bien filmées, mais aussi parfois résolument moderne.
Les acteurs quand à eux livrent tous une performance remarquable, qui permet de s'attacher aux personnages, assez variés. Ils participent vraiment à cette immersion dans le temps (le traitement des femmes à cette époque étant par ailleurs... flippant). Si La Mort peut dans un premier temps faire sourire dans son accoutrement, elle devient rapidement glaçante, comme si le spectateur était rattrapé par celle-ci.
C'est toute cette galerie de personnages auxquels notre héros s'attache (et auquel nous nous attachons) qui permet de contrebalancer toute cette noirceur, cette peur du vide, du néant. Quand on échoue à donner un sens aux choses (peut-être parce qu'il n'y en a pas ?), que reste-t-il ? Faire ce qu'on aime, avec les gens qu'on aime. En témoigne cet instant de poésie, dans les hautes herbes, à déguster du lait et des fraises des bois avec quelques compagnons de route. Ou cette fin, celle du héros qui se résout à se jeter dans les bras de sa bien-aimée, qui l'a attendue si longtemps.
Le Septième Sceau, c'est aussi un film qui marque au fer rouge la rétine, avec des images et des plans inoubliables, inspirants et terrifiants à la fois. Il laissera donc à son spectateur de quoi méditer, sans jamais être trop ennuyant, ni superficiel.