La trilogie du Seigneur des Anneaux, et particulièrement son ultime opus, vont, je l'espère en tout cas, passer au panthéon éternel de l'histoire du cinéma. Au delà des effets spéciaux dantesques et du travail de fourmi de "reconstitution" de La Terre du Milieu, la force de cette trilogie repose avant tout sur le talent indéniable de conteur de Peter Jackson, qui a su adapter ce qui, à première vue, était inadaptable.

Je vais tenter de ne pas trop m'étendre sur le prodige industriel que sont ces films, je ne peux que très chaudement vous recommander les bonus des versions longues (6 à 8h de VRAIS bonus par film), analysant pour chaque film le livre, le scénario adapté, les décors, les accessoires, le casting, le tournage, et la post production (musique, effets spéciaux, bruitages, montage, étalonnage numérique, marketing...). Des BIJOUX de bonus qui mériteraient des oscars.

Mais concentrons nous sur ce film. Véritable périple industriel, pari fou des studios New Line de tabler sur 3 films de Fantasy (genre abandonné à l'époque...), qui plus est confié à un réalisateur de films de zombies ! Le Retour du Roi est le feu d'artifice final de cette aventure cinématographique. Peter Jackson développant et étoffant ses équipes au fur et a mesure du tournage, le Retour du Roi, achevé dans un sprint final de post production épique, est un pur joyau.

La communauté de l'anneau était une introduction, un long road movie contemplatif en Terre du Milieu. Les Deux Tours, plus énergique dans sa réalisation et son montage de part la dislocation de la communauté, n'a ni réel début, ni réelle fin, et bien qu'excellent grâce au personnage de Gollum notamment, il lui manque un climax final véritable (malgré la Bataille du gouffre de Helm).
Le Retour du Roi achève les trajectoires de chaque personnage, tous les enjeux s'exposent, le monde vacille, les destinées s'élèvent, se brisent... Le spectateur passe d'un ascenseur émotionnel à l'autre et reste scotché à son siège.

Niveau réalisation, Peter Jackson se révèle être un cinéaste de très grand talent. Chaque plan, chaque angle ou prise de vue est une photographie parfaite. Faites pause à n'importe quel moment, vous ne tomberez jamais sur une image inutile ou de piètre qualité. Alternant paysages grandioses et scènes de batailles épiques, Le Retour du Roi est son Everest, et il le gravit avec brio.

Niveau effets spéciaux, l'équipe de Weta Digital est devenue une PME d'envergure au moment du bouclage du Retour du Roi, et tout son (récent) savoir faire est investi corps et âme. La bataille du champ de Pelennor n'étant que la face émergée de l'Iceberg. Songez que à 1 mois de la date butoir, Jackson demandait à son équipe autant de plans truqués que pour l'ensemble des 2 précédents films !

Niveau musique, Howard Shore a composé l'ensemble de la bande son comme une symphonie en trois mouvements. Le mouvement final, avec pour thème principal celui du Gondor, tout en cuivres, violons et cymbales (juste suggéré par un solo de haut bois dans la communauté de l'anneau) s'entremêle à la mélodie des Rohirrims pour un plaisir extatique. Une BO de haute volée, qui peut légitimement venir concurrencer la BO de John Williams pour Star Wars.

Le casting semble émerger du livre, l'absence de vedettes renforçant l'immersion du spectateur. Costumes et décors sont tout simplement extraordinaires, la finition de chaque accessoire relève quasiment de l'obssession maladive tant ils sont parfaits. On ne tombe jamais dans le rifdicule propre à la fantasy, tout est crédible et semble surgir de cultures millénaires...

Enfin, et surtout, Le Seigneur des Anneaux est beau, émouvant, poignant, spectaculaire. On peut comprendre les critiques concernant sa "fin à rallonge", mais elle est pourtant bien écourtée par rapport à celle du livre. Au delà des trolls et des elfes, il s'agit d'une des plus grandes aventures cinématographiques qui soient et qui mérite le respect.

Et puis, la scène de la charge des Rohirrims est tout simplement l'une des plus belles scène de bataille que le cinéma ait jamais pu nous montrer. Il faut vraiment être un insensible blasé obtus pour ne pas frisonner d'excitation lors du discours du Roi Théoden tandis que les cors résonnent et qu'épées et lances s'entrechoquent. Puis cette mélodie de violon norvégien, aérienne qui commence, tandis que les lances se baissent et que la folle cavalcade débute. La terre tremble, la musique enfle, et les premiers rayons du soleil parviennent à percer les ténèbres de Sauron, éblouissant les premières lignes orques... Franchement, ce n'est juste ÉNORME cette scène ??!!§

Niveau adaptation, on pourra reprocher bien des choses à la trilogie de Jackson mais il faut garder en mémoire que Tolkien écrivait à l'aveugle son récit. Entendez par là qu'il ne savait pas comment allait finir son histoire... Le résultat est que de nombreux éléments dans le livre ne servent pas vraiment l'intrigue principale (Tom Bombadil par exemple...). J'ai tendance à ne pas considérer la trilogie comme une adaptation se voulant fidèle (et pourtant elle est globalement fidèle), mais comme une adaptation de fans qui ont voulu notamment montrer ce que le livre n'évoque finalement que brièvement (comprenez les batailles principalement). Si les livres sont exceptionnels, ils souffrent d'une écriture et d'un découpage "à l'ancienne" qui peut rebuter. Les films sont alors une passerelle parfaite pour se plonger dans cet univers d'une profondeur jamais atteinte depuis lors.

Enfin, je crois que je pourrais parler des heures de ces films, tant le souci du détail et le souffle épique qu'il dégage est effarant. L'air de rien "épique" est un terme trop galvaudé de nos jours, et Le Retour du Roi est là pour nous rappeler son sens véritable.

Concluons sur "chef d'œuvre", n'ayons pas peur des mots.

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le 13 juin 2011

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Hypérion

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