Et c'est le temps qui court
Il y a des choses contre lesquelles il est impossible de lutter. La plus terrible, car implacable, définitive, même pour les dieux est le temps. Le temps use. C'est la première remarque qui vient à l'esprit lorsque l'on voit cette oeuvre, présentée par certains comme la seule véritable incarnation visuellement animée (donc en dehors des illustrations de John Howe) de LOTR. Oui, le temps use ; le dessin a énormément vieilli, l'animation aussi.
Même avec une DeLorean difficile de lutter contre la chronologie ; j'ai découvert LOTR par les livres, les illustrations d'Howe, le cinoche de l'ami Jackson et, enfin, via ce film animé. Lorsque je l'ai découvert je ne pouvais donc faire comme si je n'avais pas été séduit par Jackson, comme si la sic d'Howard Shore n'existait pas. La comparaison est donc obligatoire, qu'on le veuille ou non. Le visuel a été conditionné par Jackson, c'est terrible mais c'est ainsi.
Ce vieux voyage de 78 est-il mauvais ? Oui, et non. Certains séquences animées sont ridicules. L'espèce de "captionmotioncolorisée" est juste wouhaesque de ridicule. Les orcs sont ... mauvais, là où j'ai beaucoup aimé les ombres dont l'animation est aussi dépouillée. Les dialogues sont parfois très bons ; un tantinet vieillots, mais ça fonctionne. Le duel Saroumane / Gandalf est assez réussi. L'histoire est condensée en 2 heures, bien incomplète, sabrée par moments, mais ça tient la route. Un film complexe donc à analyser, difficile aussi, à apprécier tant le travail de Jackson occupe nos esprits à présent. Certain de voir le Balrog animé m'a stupéfait ... j'avais de la peine.
J'aurai pu mettre un 2 ou 3. Finalement c'est le fiston qui a remonté la note. Il est jeune, a aimé, vient de découvrir LOTR en version animée ; sa chrono a commencé par les légos ^^U. Et bien il a aimé, a même tremblé devant les ombres. Il y a donc une forme de poésie qui fonctionne.
A voir avec indulgence même si, il est vrai, ce film n'est pas une réussite. C'est bien court comme critique mais, vous l'aurez compris, je suis emmerdé aussi je cesse ... avec le temps, qui sait ...