L'art de bâcler une suite par besoin financier...

En grande difficulté financière vers la fin des années 60 suite à l'échec de plusieurs comédies musicales onéreuses, la Fox a fort heureusement pu bénéficier du succès surprise de La Planète des Singes pour garder la tête hors de l'eau. Ayant sérieusement besoin de renflouer ses caisses, la société décida très vite de capitaliser sur le succès du film et d'en sortir rapidement une suite (pratique peu courante à l'époque), le tout avec un budget de moitié inférieur à celui de l'œuvre originale.

Occupé par un autre film, le réalisateur Franklin F Schaffner ne put rempiler, de même que le compositeur Jerry Goldsmith. Peu convaincu par ce projet de suite, Charlton Heston accepta après moult négociations de reprendre son rôle pour quelques apparitions seulement.

Budget réduit de moitié, changement de réalisateur et de compositeur, acteur-star qui ne revient que très succinctement... Produire une suite à un chef-d'œuvre cinématographique est déjà quelque chose de compliqué en tant que tel, le faire avec plusieurs handicaps de taille est encore plus complexe.

Pour palier à la quasi-absence de Charlton Heston, son clone James Franciscus est engagé dans un rôle quasi-similaire, à savoir un astronaute qui a suivi le même itinéraire, est le seul survivant de son expédition, découvre la planète et fait très vite équipe avec Nova. Incapable de tenter quelque chose sans sa star, l'équipe du film tente par ce stratagème de nous faire " oublier " son absence. Mais bien que Franciscus ne démérite pas, un simple rôle de substitut limite forcément son potentiel de jeu et l'intérêt qu'il peut nous offrir, d'autant plus quand le charisme de l'acteur est en deçà.

Niveau scénario, le film joue la garde de la continuité directe, en conservant le fil conducteur des ravages d'une explosion nucléaire. Les ruines de New York continuent d'apparaître sous nos yeux par le biais des peintures sur cache, procédé à nouveau réaliste et efficace. La continuité scénaristique atteint malheureusement ses limites dans la seconde partie du film, avec la rencontre des fameux mutants télépathes qui vénèrent et gardent une bombe atomique, tel un Dieu. What the F*** ?

Je n'adhère déjà pas à l'idée des humains irradiés dotés de pouvoirs psychiques, mais alors les scènes de fanatisme face au Dieu-Bombe, c'est le bouquet !

Le final est par contre percutant, comme l'était celui du premier film, et amplifie la vision autodestructrice de l'homme mise en lumière par l'œuvre originale. Pour l'anecdote, l'idée fut celle de Charlton Heston...

En conclusion, cette suite n'a été faite que pour surfer sur le succès de La Planète des Singes et ainsi renflouer les caisses appauvries de la Fox. Si le massacre n'est pas total, le résultat est tout juste moyen.