Le Roi et Moi
6.6
Le Roi et Moi

Film de Walter Lang (1956)

Après avoir vécu à Paris, Yul Brynner rejoint les Etats-Unis et débute à l'écran en 1949 dans la Brigade des stupéfiants, puis se consacre au théâtre ; en 1951, on lui propose cette pièce "le Roi et moi" pour laquelle il se rase le crâne, prend le rôle à coeur et le jouera plus de 4000 fois sur les planches. C'est le rôle de sa vie qu'il va reprendre dans cette transposition très hollywoodienne en 1956, et il habite si bien le rôle qu'il décroche l'Oscar du meilleur acteur, ce qui lui donne l'occasion d'enchaîner avec un autre rôle iconique dans la foulée, celui de Ramsès dans les Dix commandements. Et voila donc Yul le magnifique qui devient en même temps une énorme star d'un coup dès son second film.
Bon, ce film ne figure pas parmi mes "musicals" préférés, tout simplement parce que justement, le tort est d'avoir plombé ce sujet au départ intéressant, en l'adaptant en comédie musicale, alors qu'il aurait gagné à n'être qu'une simple comédie dramatique sans chansons. Dans la forme, c'est une jolie bonbonnière, avec de fastueux décors siamois et des costumes chatoyants qui sont représentatifs de cet aspect carton-pâte hollywoodien des années 50, mais le contenu est assez lourd, avec un côté guimauve appuyé, les numéros musicaux sont fades et sans génie, pas du tout mémorables, si l'on excepte à la rigueur la chanson "Shall we dance?".
Pourtant, l'intrigue est au départ basée sur le récit véridique d'Anna Leonowens, jeune anglaise née aux Indes qui arrive au royaume de Siam à la fin du XIXème siècle pour éduquer les enfants du roi Mongkut, un prince autoritaire et extraverti qui règne sur de nombreux sujets et commande un palais rempli de dignitaires soumis, de serviteurs dévoués, d'un harem de femmes et d'une flopée d'enfants. Anna, est une sorte de Mary Poppins en Thaïlande, ex-royaume de Siam, et le film insiste sur le choc culturel entre une Britannique ouverte aux idées nouvelles et un souverain imbu de lui-même, qui considère les femmes comme des objets et qui n'hésite pas à les fouetter pour une faute banale, ce qui amène des confrontations amusantes. Cet aspect n'est pas assez développé hélas, parce que trop envahi de parties musicales.
Au passage, le film effleure aussi quelques réalités historiques liées au XIXème siècle (esclavage, impérialisme, domination masculine etc), mais tout ceci est dilué dans la guimauve, c'est assez dommage. Le film peut néanmoins se regarder sans trop d'ennui, et il est sans doute moins impersonnel que son remake de 2000 avec Jodie Foster.
A noter que Yul Brynner reprendra encore ce rôle en 1972 dans une petite série TV qui a fait les délices de mon enfance, Anna et le roi dont le ton était beaucoup plus humoristique, et comment oublier un Yul facétieux avec ses "etc, etc, etc" et ses "quoi, quoi, quoi?".

Créée

le 6 nov. 2018

Critique lue 491 fois

13 j'aime

12 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 491 fois

13
12

D'autres avis sur Le Roi et Moi

Le Roi et Moi
Nez-Casse
8

Critique de Le Roi et Moi par Nez-Cassé

Il y a maintenant de cela quelques années, ma mère m'avait fait découvrir le film Anna et le Roi, qui raconte l'histoire de Anna Leonowens, jeune veuve anglaise arrivant au Siam afin d'assurer...

le 13 juil. 2017

12 j'aime

14

Le Roi et Moi
LuiseDiLida
7

Rex regnat sed mulier gubernat

Ce film m'a été conseillé par une élève, venue m'en parler à la fin des cours avec les yeux qui brillaient. J'ai noté le titre, l'année, et je l'ai oublié quelques semaines. Puis elle est revenue me...

le 21 juin 2017

7 j'aime

6

Le Roi et Moi
Libellool
8

Yul Brynner au sommet

Cette comédie musicale est un émerveillement de chaque instant, grâce à des décors magnifiques (le palais en particulier), mais aussi et surtout grâce aux interactions amusantes et pleines d'esprit...

le 11 déc. 2013

7 j'aime

7

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

122 j'aime

96

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

95 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

95 j'aime

45