En 1977, la bombe Star Wars explosait sur Terre. En 3 coups de sabre-laser, George Lucas avait réinventé le cinéma à grand spectacle et ressuscité la magie des superproductions avec ce conte de fée du futur. 3 ans plus tard, l'Empire contre-attaque continuait dans la SF héroïque. Ce troisième volet de la trilogie apporte beaucoup de réponses aux questions laissées en suspens à la fin du précédent opus ; beaucoup plus abouti, plus adulte, plus sombre notamment dans les scènes avec l'empereur, et véhiculant une débauche de Fx, le film multiplie les scènes d'anthologie au milieu de décors grandioses, dont certaines très spectaculaires (la poursuite en motos-jet dans la forêt), en s'intégrant parfaitement avec les scènes d'acting, où Luke maîtrise la Force d'une façon très sûre dans son habit noir de Jedi.
En même temps, on a l'impression que tout a été dit dans les 2 précédents opus (personnages posés dans le premier, coups de théâtre assénés dans le second), et qu'il ne reste plus que le spectacle ; le film s'ouvrant par le sauvetage de Han Solo laissé chez Jabba en état de congélation carbonique est révélateur de cette tendance. Mais j'aime bien certaines scènes qui peuvent paraître anodines, comme cette première scène où Dark Vador arrive pour motiver les troupes en clamant que l'empereur ne partage pas la vision optimiste de la situation... ceci crée une tension supplémentaire, et ça assoit encore plus la suprématie du personnage dans son entité maléfique, entité qui va commencer à se fissurer en éprouvant de la compassion pour Luke, Anakin Skywalker n'est donc pas tout à fait mort. Mais l'empereur va prendre le relais.
Autre détail révélateur : le premier plan qui ouvre le film sur un croiseur qui apparait en haut de l'image, reprend à l'identique celui qui ouvrait la Guerre des étoiles, mais c'est peut-être le moyen pour Lucas qui à travers son réalisateur Richard Marquand avec qui il ne s'entendait pas toujours, de boucler la boucle d'une trilogie et d'une saga qu'il croyait avoir finie. Se doutait-il qu'il allait reprendre le flambeau 15 ans plus tard en racontant la genèse de sa saga ?
Le film pèche aussi par l'accumulation de créatures animées, notamment chez Jabba qui est une cour des miracles en mode Muppet Show et aussi une vraie foire aux monstres, puis ce sont les peluches en forme de nounours que sont les Ewoks, qui nuisent un peu à la réalité psychologique des héros humains. J'avoue qu'au départ quand j'avais vu le film en 1983 en salles, j'avais trouvé cette ménagerie un peu trop envahissante, et les Ewoks m'énervaient ; depuis, j'ai appris à m'en contenter même s'ils m'énervent toujours un peu par leur aspect enfantin et la longueur de leurs scènes, on voit en effet que Lucas visait nettement ce public d'enfants.
La seule bonne réussite dans ces créatures est celle de Jabba, malgré son aspect répugnant de pachydermo-batracien.
Mis à part ces quelques réserves, la magie lucasienne fonctionne à merveille, impossible de résister, le rythme est tonique, de même que la musique de John Williams est toujours aussi grandiose, les scènes d'action sont bien réalisées (la scène de la barge de Jabba, les motos-jet, la scène avec le monstre Rancor, créature encore animée en stop-motion, la bataille d'Endor, le duel final avec Vador...), tout comme les scènes tempérées : le baiser enfin attendu entre Solo et Léia, la révélation de Luke à sa soeur, le vrai visage de Vador qui veut voir son fils avec ses yeux, et surtout les scènes avec l'empereur qui sont d'une intensité intérieure remarquable. Fondées sur le conflit du Bien et du Mal, on voit que Freud a fait un petit tour chez Lucas, car on trouve l'illustration d'une dialectique étonnante dans un tel blockbuster : si le Bien veut triompher du Mal, il doit être offensif, agressif, brutal, il doit donc être méchant, et du coup il passe dans l'autre camp ; s'il n'utilise ni la Force, ni la violence, il est destiné à la défaite. Comment s'en sortir ? Telle est la question, et c'est l'enjeu de ce combat qui conclut le film.
On en ressort comblé avec la musique glorieuse de Williams dans les oreilles. Je ne garde qu'un seul regret : la mort trop fugace de Bobba Fett dans la scène de la barge, je trouve dommage que ce personnage de chasseur de primes se ramasse comme une merde, en même temps, Lucas n'a jamais pris le temps de le développer vraiment.

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le 20 déc. 2017

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Ugly

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