Oui, vous avez bien lu, j'affirme, je clame que la séquence sur Endor tant décriée est en réalité l'un des éléments qui sublime ce dernier épisode. Mais avant tout, revenons rapidement sur le film et un scénario qui pêche un peu par son manque d'originalité. (Lune synthétique deuxième tournée)


En effet, après un sympathique début et la libération de Han Solo du palais de Jabba on enchaîne un long ping-pong Endor-espace qui ouvre sur le grand final ; un combat higlanderesque (entendez avec un effet orage aoûtien pour combler le creux infini de la séquence) entre l'Empereur et Vador qui nous aura au passage gratifié d'un retournement de veste digne de nos plus brillants personnages politique. Tout ça pour ça, malheureusement.
Je ne m'étendrais guère plus sur cet aspect du film, il a été déjà maintes fois critiqué et bien mieux que je ne saurais le faire.


Revenons en alors à la fameuse séquence sur Endor qui est pour moi le vrai radeau de sauvetage du film (comparativement à la vacuité de la séquence en orbite) et sa longueur me laisse imaginer que Lucas et le réalisateur en étaient bien conscients.


J’insiste dans un premier temps sur le style infini des Ewoks, qui remplaceraient indubitablement nos chers chats en tant qu'animaux de compagnie favoris.


Forte de ce style, la petite tribu primitive assiste l'Alliance dans son combat contre l'Empire, rappel évident quoique habile, de par le fait qu'il clôture cette première trilogie, à l'aspect David contre Goliath de la saga, avec une énième petite ode à l’héroïsme à la sauce petit par la taille mais grand par le cœur. (Louis-Ferdinand doit faire la toupie dans sa tombe)


L'aspect commun du poncif qui exige l’héroïsme du petit face au grand s'efface face à la réalité des combats et au travers de ces derniers c'est le pragmatisme qui saute au visage, a l'image de la destruction d'un TR-TT par les petits nounours à l'aide d'une simple corde, profitant de la bipédie fébrile de l'engin.
Et la présence de ce rapport héroisme/pragmatisme, n'est pas anodin, c'est même l'un des sujets importants de la saga auxquels les personnages sont souvent confrontés, ainsi Obi-Wan fait parfois preuve de pragmatisme notamment en dupant les gardes de Tatooine dans l'épisode IV a l'aide de la fameuse "passe Jedi" alors même qu'il incarne l’héroïsme, et Vador fera preuve d'un héroïsme (certes très mal amené) en affrontant l'Empereur à la toute fin de l'épisode qui nous intéresse bien qu'il fut jusqu'alors la figure du pragmatisme (cf. les amiraux impériaux dont il a caressé la glotte).
Si le rôle de l’héroïsme dans Star Wars est de faire de cette oeuvre une fresque, le pragmatisme lui donne un relief et un réalisme (ou du moins une cohérence) et nous renvoi à la réalité des conflits que nous connaissons ici bas. Et la force des Ewoks, ici, est d'user des deux, comme les autres grands personnages, faisant d'eux bien autre chose qu'un peuple de second plan.


Trêve d’héroïsme, revenons en à notre bonne vieille Bible, et plus précisément au premier livre de Samuel, à savoir l'histoire de David contre Goliath. Il est évident que la trame scénaristique de la saga repose en grande partie sur ce livre, il en constitue l'un des fils rouges et nous savons tous comment le berger vient à bout du grand bonhomme de Gath. Fort de ces deux constats revenons en à notre épisode et plus particulièrement à cette fameuse scène ou des peluches viennent à bout d'un géant d'acier. Vous me direz parallèle évident, oui, mais n'empêche que trop souvent peu soulevé, et signant tout de même une jolie fin à la séquence d'Endor mais également à la trilogie de Lucas, tout y est, la scène renvoie aussi bien au niveau scénaristique que graphique au combat biblique (Ewoks = frondeurs choisis par la Force, David = frondeur choisi par Dieu). Car n'oublions pas que les petits oursons n'ont pas été placés sur la route par hasard, non, c'est la princesse Leia naturellement douée pour l'usage de la Force (car accessoirement fille de Vador et donc soeur de Luke) qui les rencontrent.


Mais là ou ces peluches font plus fort que la Bible, c'est qu'elles se mettent en danger pour mettre à terre le TR-TT, elles ne se contentent pas de la simple ruse, non, elles y ajoutent de l'héroïsme, renvoyant cette lopette de frondeur biblique paître les pâturages de Palestine. Après cette scène, on aurait quand même mérité mieux que le vieux retournement final. Cela aurait surement rendu le rôle de ces nains déguisés beaucoup plus vraisemblable et d'une bien autre consistance aux yeux de tous qu'un attrape-enfants.


Pour conclure cette petite critique, je rappellerai mon premier point, les Ewoks sont et demeureront trop classes. Et c'est ça aussi le charme de Star Wars, la profusion de peuplades tout aussi loufoques qu'attachantes, et une direction artistique certaine. Ces charmants petits nounours encapuchonnés permettent donc à cette épisode non seulement d'incarner une continuité dans le ton de la saga (Héroïsme/Pragmatisme, David/Goliath ...) mais aussi dans l'esthétique et le côté bal des monstres.


Pour les mecs un peu dérangés, il existe deux nanars sur les Ewoks, a défaut d'être bon il y a des Ewoks dedans. Personnellement je mange mes smacks tout les matins devant.


Cette critique est approuvée par Wicket Wystri Warrick.

Mazereau
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le 5 avr. 2014

Modifiée

le 6 avr. 2014

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