Le retour de Lucas pour une conclusion d’action, d’humour et d’émotions

Soyons clairs, je pars du principe que vous avez vu le film, cette critique n'a pas pour but de vous encourager ou vous décourager à le voir, encore moins le faire connaître, par conséquent je vais donner mon avis sans me soucier de ne pas spoiler, vous voilà prévenus.

Après une excellente introduction avec un nouvel espoir et une suite plus mature et plus intense avec l’empire contre-attaque, il est temps de conclure la trilogie originale avec le retour du Jedi. Georges Lucas n’ayant pas été convaincu par la volonté d’Irvin Keshner de poursuivre sur l’élan initié par le cinquième film plus sombre et moins conventionnel, c’est Richard Marquant qui sera crédité comme réalisateur même si c’est d’abord et avant tout Georges Lucas qui est vraisemblablement de retour.

L’univers de Star Wars continue de s’enrichir avec plein de créatures extra-terrestres inédites, assez originales dans leur design pour la plupart, ça se voit dès le palais de Jabba et sa cantina 2.0 que je trouve personnellement très réussi bien que je sais qu’il y en a qui trouve ça excessif sur l’aspect loufoque, ce que je peux comprendre. Il en va de même pour le ton plus décontracté sur l’ensemble du film avec ses petits nounours tout mignons, la mise en danger plus relative de ses personnages principaux, la romance entre Leïa et Han plus traditionnelle, la petite célébration finale qui fait plaisir...

Certes, tout ça est bien gentil et amusant, mais le film ne manque pas de maturité pour autant à mon sens. Pour commencer, les antagonistes quasi-inédits sont assez balèzes avec Jabba qui exécute de façon spectaculaire pour le plaisir par le biais de monstres plus qu’imposant ou qui reste de marbre face aux menaces qui lui sont faites, l’empereur qui incarne très bien le mal absolu tel qu’on pouvait l’imaginer, Vader le caractérisant comme moins indulgent que lui après un film où il a passé un temps non négligeable à liquider ses hommes pour incompétence…

Je trouve assez intelligent par ailleurs d’avoir mis en scène la toute puissance de l’empereur par son intelligence et sa malveillance plus que par des pouvoirs déjà vu mais puissance 10. Les éclairs très bien faits et surprenants qu’il peut lancer c’est une bonne idée mais c’est son piège et sa tentative de corruption qui font de lui un danger, non sa force, et c’est son orgueil démesuré qui sera sa faiblesse. Ce n’est pas une simple lutte du bien contre le mal à coup de sabre laser et je trouve que le film réussi parfaitement à le faire comprendre.

Luke a beau être un chevalier Jedi plus que jamais quant à ses pouvoirs et ses buts, il étrangle certains de ses ennemis, manque de self-control quand on menace ses proches… C’est un héros mais qui n’est pas exempt d’un léger côté obscur en adéquation avec son parcours, ce qui rend donc le personnage plus charismatique que jamais en ce qui me concerne. Les Ewoks ont beau affronté les Stormtroopers de façon un peu cartoon, leur mort paraît très efficacement à l’écran et prend à contre-pied en conséquences, je trouve très émouvant par exemple la courte scène où l’un secoue un autre après une explosion, semblant de ne pas comprendre ce qu’il vient de se passer.

J’aime bien également la mise en abîme de C-3PO dans leur village qui conte les précédents films avec les bruitages caractéristiques, le public qui est à fond dedans, Leïa et Han qui trahissent leurs émotions par leur seul regard... et ça se mêle d’autant à l’aspect conclusif du film qui rappelle ses prédécesseurs. Le film est effectivement plus drôle, décontracté, grand public... que l’empire contre-attaque, mais je pense sincèrement que ce n’est pas un mal tant que c’est fait avec soin et intelligence, ce qui est le cas ici pour moi.

C’est clairement là que je suis le plus en désaccord avec pas mal de fans considérant ce film comme le plus faible de la trilogie originale à cause de cette orientation-là. L’orientation d’Irvin Keshner étant sans aucun doute intéressante et réussie mais tout d’abord Lucas est tout à fait légitime à rediriger sa saga où il voulait l’emmener puisqu’il en est l’auteur sans qui rien de tout ça n’existerait et ensuite je trouve qu’il livre ici un travail soigné et plus profond qu’il n’y paraît sans être incohérent une seconde.

Du côté de la réalisation, les environnements filmés se partagent intelligemment entre redécouvrir un environnement déjà vu avec Tatooine ou l’étoile de la mort sous un angle différent et découvrir un inédit avec Endor et sa forêt d’arbres géants. De nouvelles idées de mise en scène prennent place avec les 74-Z filant entre les arbres, les Ewoks et leur piège anti-véhicules d’abord inefficaces avant d’enfin d’être à la hauteur, le combat au sabre laser beaucoup plus dynamique, le tunnel jusqu’au générateur qui se rétrécit de plus en plus...

Et côté musiques, entre les réarrangements des meilleurs thèmes des deux précédents films plus les inédits absolument incroyables que je trouve assez sous-estimé par ailleurs (Light of the Force, The Final Duel, Victory Celebration...), je suis parfaitement conquis une nouvelle fois par le travail de John Williams même si je reconnais volontiers que ces thèmes inédits ne sont pas aussi emblématiques qu’avant mais je le rattache plus au fait qu’ils soient sous-estimés qu’à leur qualité. Idem pour tout ce qui est jeu d’acteur qui est tout à fait dans les standards de qualité auxquels ils nous avaient habitué précédemment.

Le retour de Georges Lucas aux commandes, par l’intermédiaire de Richard Marquant, offre une direction différente de celle de l’empire contre-attaque et je comprends parfaitement que certains fans ressortent légèrement déçu du retour du Jedi qui a pu être imaginé plus sombre (mort d’Han Solo lors d’un sacrifice héroïque, échec de Luke à faire rebasculer son père du bon côté...) mais Le retour du Jedi est mon film préféré de toute la saga parce que je trouve qu’il réussit superbement tout ce qu’il entreprend, il me fait rire, il me bouleverse, il m’impressionne... en plus de constituer une conclusion très plaisante et pertinente à la trilogie.