Se présentant comme la suite du légendaire la Nuit des morts vivants de George Romero, le Retour des morts vivants s'est finalement éloigné du projet initial écrit par Romero et son co-scénariste John Russo dès que ce projet a abouti sur le bureau de Dan O'Bannon, scénariste d' Alien. Il signe ici un petit bijou d'horreur et d'humour potache qui peut sembler comme une sorte de bras d'honneur au monopole zombiesque de Romero (n'oublions pas que Romero avait réalisé aussi Zombie en 1979).
La façon hilarante de O'Bannon de reprendre cette mythologie du mort vivant avide de cerveaux, et de la triturer pour nous arracher à la fois cris d'effroi et éclats de rire est irrésistible et hyper efficace. Il contribue à rendre les morts vivants sympathiques, ce qui va à l'encontre de la gravité et du sérieux de Romero, repensant ainsi les codes du zombie qui n'avance plus de manière saccadée et lente, mais qui peut faire preuve de ruse et surtout qui parle.
Au départ, O'Bannon a quelques scrupules à se frotter de façon aussi directe avec la mythologie mise en place par Romero, il a sa propre vision de ce que doit être son film, il remanie donc le scénario d'origine et garde les grandes lignes en décidant de se départir grandement du modèle pour proposer une vision plus ancrée dans l’esprit 80’s et donc volontairement plus portée sur la comédie horrifique, dans le style de Evil Dead voire même de Re-Animator pour son humour très noir.
Le film est alors furieusement drôle et speedé dans la plus pure tradition des comédies des 80’s. Au style effréné, aux dialogues percutants, aux personnages définis, et à l'humour macabre, voire nihiliste, O'Bannon oppose de vraies scènes comiques, l'effroi est tempéré par la connerie des personnages que sont les maladroits qui vont involontairement réanimer des cadavres verdâtres planqués depuis des années par l'armée. Dans ce registre, James Karen et Clu Gulager sont étonnamment drôles alors que ce n'est pas des acteurs comiques à la base. Le scénario est malin et ne sert pas juste de prétexte pour étriper des zombies crétins, le réalisateur y a introduit aussi un aspect sexy avec Trash, la punkette incarnée par Linnea Quigley qui se balade à moitié à poil pendant presque tout le film. Ce rôle va la rendre célèbre, elle sera très demandée et jouera dans de nombreuses prod d'horreur du même style.
Malgré ce ton complètement fou et délirant de sarabande nocturne, O'Bannon n'oublie pas les scènes horrifiques et multiplie étripages, décapitations et éviscérations, mais de façon raisonnable, le ton comique et les gags étant toujours privilégiés, rythmés par une bonne BO au synthé. En tout cas, le film qui n'est pas trop daté par son époque, a connu un tel succès qu'il a engendré une franchise, mais les suites se montreront très inférieures, ce premier film étant un vrai coup de génie et une véritable bouffée d’air frais dans un genre déjà devenu balisé.

Ugly
7

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le 23 mai 2020

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Ugly

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