Un Dernier Tour de Pitres

Le Retour des Charlots restera le tout dernier film de la bande de chanteurs et humoristes ultra populaires dans les années 70 et c'est surtout un ultime rappel dont on ce serait tous très bien passé. En 1992 un producteur a la fausse bonne idée d'organiser le grand come back des Charlots sur le grand écran huit ans après leur dernier film et déjà périssable Charlots Connection. Un film construit sur cette simple idée de retour, sans scénario ni réalisateur offrant aux membres du groupe la possibilité d'écrire l'histoire (ils n'ont écrit aucun de leurs précédents films) et de la réaliser (Ce qu'ils n'ont jamais fait non plus) . C'est donc Jean Sarrus qui s'y colle en roue libre pour une catastrophe quasiment inévitable.

Le Retour des Charlots c'est donc l'histoire d'Antonio qui pour éviter la vindicte de sa femme alors qu'il est surpris en plein adultère fait croire qu'il est devenu amnésique après un coup de casserole de trop. Sur les conseils d'un médecin et pour retrouver la mémoire Antonio doit retrouver et revivre des moments de son passé. Du coup sa femme fait venir ses anciens potes (Les membres des Charlots dans leurs propres rôles) afin de se souvenir des bons moments passés.

Le Retour des Charlots est une véritable catastrophe et pourtant le point de départ du film imaginé par Jean Sarrus était plutôt amusant et propice à revisiter avec nostalgie et humour la gloire et la déchéance des Charlots. Un dernier tour de pitres pour des clowns fatigués qui rejouent leurs moments de gloire afin de réveiller leur pote des limbes de l'oubli finalement c'était un joli sujet de film encore fallait il quelques ingrédients qui font cruellement défaut à celui ci. Tout d'abord Le retour des Charlots dans sa forme nostalgique ne pouvait se faire légitimement sans la présence de deux membres historiques du groupe que sont Jean-Guy Fechner et Gérard Rinaldi. Certes les deux avaient quitté le groupe depuis longtemps mais il me semble impossible de pouvoir revisiter sa petite histoire en oubliant les membres historiques de sa famille. Le Retour des Charlots n'est donc que le retour de la moitié des Charlots avec Jean Sarrus, Gerard Filipelli , Luis Rego et Richard Bonnot qui a justement remplacé Gérard Rinaldi depuis 1986. Le film particulièrement mal écrit ne va ensuite que revisiter une infime partie de la filmographie passée des Charlots avec de gros clin d'œil à La Grande Java et à la série des Bidasses rendant la mise en abimes nostalgique qui constitue pourtant le cœur du film des plus anecdotique. Dommage aussi que lorsque le film évoque Les Bidasses en Folie il fasse appelle à Guy Montagné qui vient nous refaire son numéro de général plutôt que d'inviter le comédien du film original Jacques Seiler. Lorsque Les Charlots s'installent au piano pour jouer le début de Merci Patron on prend soudainement conscience de tout ce fabuleux potentiel de nostalgie du film et on regrette en pleurant qu'il soit à ce point piétiné par une écriture inconsistante qui passe totalement à côté de son sujet.

Tel qu'il est Le Retour des Charlots est une comédie poussive et abrutissante, mal écrite, mal construite et d'une réalisation à peine digne du petit écran. Le film penche plus du côté de la comédie pouet-pouet et calembours ta femme de Phillipe Clair, Richard Balducci et Bernard Launois que vers l'humour des films de Claude Zidi . Construit n'importe comment on croisera au court du film Gustave Parking en chirurgien, Django Edwards en motard , Guy Montagné en nurse qui se fait mettre des mains aux fesses sans parler de Luis Rego qui se transforme en Mister Hyde, Les Charlots qui s'habillent en bébés ridicules ou Gerard Filipelli en tortue ninja. L'humour est bas de plafond et jamais la folie burlesque des Charlots ne parvient à faire sourire dans ce triste festival de vannes qui tombent à plat. Parce que moi Les Charlots je les aime bien, ils ont bercés mon enfance de cette joyeuse et libertaire connerie de jeunes chevelus hippies luttant contre le service militaire et la grande distribution et s'amusant de tout que ce soit James Bond, Les Trois Mousquetaires ou Les Jeux Olympiques. En tentant de faire retrouver sa mémoire au personnage Les Charlots pouvaient essayer de faire retrouver une partie de leur enfance aux spectateurs qui avaient grandis avec leurs pitreries; quelle tristesse d'avoir à ce point saloper dans un torchon d'indigences ce dernier rendez vous.

Le Retour des Charlots offrait une magnifique porte de sortie mais pensant faire rire les derniers membres du groupe ont préférés foncer droit dans le mur pour un ultime gag pas très drôle. Le film qui pouvait être le joyeux testament d'une époque est devenu le tombeau de nos sourires de mômes. Il faut savoir partir à temps et parfois ne jamais revenir....