• S'il m'arrive quelque chose tu sais quoi faire ?

  • Euh... J'en ai pas la moindre idée.

  • Moi non plus.



Le Règne du feu est un long-métrage fantastique réalisé en 2002 par Rob S. Bowman un spécialiste de la télévision ayant tenté pour le grand écran 4 fois l'expérience avec les titres : " X-Files le film, Elektra, Airbonne et Le Règne du feu." Rien de bien convaincant, néanmoins avec Le Règne du feu il réussit à proposer une expérience visuellement intéressante, et dramatiquement contrasté malgré son cadre.


Que ce soit dans son agencement allégorique ou dans la construction même de son récit et des détails qui l'assemblent, le film ne ressemble ni aux monsters movies conventionnels, ni aux autres genres fantastique/science-fiction habituels. Se situant au croisement d'une oeuvre postapocalyptique futuriste moyenâgeuse à la Mad Max, avec des dragons légendaires pour remplacer les punks en voiture. Une proposition rarissime, voir quasi inexistante qui mérite pour le coup de s'y attarder dessus au moins une fois.


Le décor du récit est palpitant, se situant en 2020 dans un monde dévasté et ravagé par les dragons duquel seules les cendres des destructions massives subsistent. L'homme ne se limite plus qu'à être du gibier de potence vivant caché sous terre pour survivre. Une atmosphère pleinement réussit avec son cadre froid, austère ,cafardeux et dépressif ne laissant place qu'à une lumière grisonnante avec de rares clartés de couleurs. Le cinéaste fait preuve d'ingéniosité dans son panel de couleurs qui peut paraître blafard (compte tenu des constantes images très sombres), mais pourtant nécessaire à l'efficacité de son ambiance austère, avec un degré de crédibilité fort avec son cataclysme. Une caractéristique déprimante conférant au "Règne du feu " une émanation de réalisme adapté pour un tel genre.
Gros bémol, le film est assez statique avec ses décors peu changeant.


Le rythme est maîtrisé avec une conduite de plusieurs événements qui ne traîne jamais en longueur, sans pour autant oublier de traduire suffisamment son sujet. L'excellente introduction déroule un habile étalage du " pourquoi du comment tout commence ", pour ensuite basculer la trame des années après.
Certes, on se dit qu'il est dommage d'avoir loupé la fameuse grande guerre mondiale et le basculement de l'ordre établi avec le couronnement des dragons sur la terre, mais le sujet de l'histoire n'est pas là. Ce serait se méprendre des ambitions du film qui avant d'en mettre plein les yeux à coup de grosse séquences d'actions spectaculaires, cherche d'abord à dépeindre un monde inerte, éteint par le feu. Ironiquement comique quand on sait que l'apogée de l'évolution humaine est arrivé avec le feu. Les scénaristes ont préféré se concentrer sur le futur des rescapés miraculés du génocide, ainsi que sur leur mode de survie. Une construction scénaristique dans la droite lignée de Terminator de James Cameron, sauf qu'ici on ne nous présente pas le passé, mais directement le futur.


Un futur où rien n'est facile. Une Terre désertique où faire pousser la moindre chose devient très complexe dans ce paysage en cendres, dont une partie des décors a pour information été tournée dans le parc Walt Disney. Chacun se mut dans les chuchotements et les règles de cette communauté, qui malgré la constante menace planant au-dessus de leurs têtes, tente de simplement vivre dans un pessimisme total où le moindre sourire est souvent consumé par la peur. Car si dans Terminator John Connors possède des armes futuristes pour affronter les machines, ici rien de tel n'existe pour se défendre des bestiaux, jusqu'à l'arrivée d'une équipe spécialisée.


Avec son budget pas si confortable, je ne peux qu'applaudir au somptueux travail appliqué sur les effets spéciaux. Les dragons sont de véritables prédateurs, dans une conception physique convaincante, conférant un réalisme de terreur à ses créatures autant céleste que funeste, régnant tout en haut de la chaîne alimentaire.


La mise en scène de Bowman fait mouche avec de superbes plans marquant l'esprit comme avec la fameuse séquence avec le best dragon mâle transformant un château en un gigantesque brasier d'un coup de lance flamme. Un effet cataclysmique efficace superbement réalisé.
Les actions sont grandioses, proposant plus d'une scène épique. La première chasse contre un dragon femelle est à couper le souffle, surtout durant la fameuse chute libre. Bien qu'il n'y est malheureusement pas beaucoup de séquences d'attaques à visionner, lorsqu'elles arrivent, c'est percutant. Le final en met plein la vue, on est aisément cloué à notre fauteuil. L'esprit de traque est de mise, il est intéressant de croire que le chasseur est forcément le bourreau.


Les acteurs sont tous badass! Chaque comédien habite son personnage avec ardeur.
Christian Bâle incarne Quinn l'un des deux leaders fondateurs de la communauté des survivants. Très convaincants dans son interprétation d'un homme pour qui le poids des responsabilités est très lourd à porter. Personnage principal de l'histoire respectant les règles à la lettre et s'assurant continuellement que chacun puisse survivre et se nourrir. J'aime cette figure paternaliste de chef qui se dégage de lui, considéré comme le père de tous les enfants orphelins.


Il peut compter sur son bras droit, l'autre fondateur de sa tribu: " Creedy " incarné par Gerard Butler encore peu connu du public à l'époque. Bien que secondaire il est intéressant de voir dans un même plan les trois acteurs Christiant Bâle, Gérard Butler et Matthew McConaughey.


Un Matthew McConaughey totalement méconnaissable au sommet de son charisme. Sous les traits de " Van Zan " le chasseur de dragon, soldat bourrin aux discours persuasifs, l'acteur est complètement transformé et possédé par son personnage, avec un regard rempli de furiosité. En tant que chef d'armée anti-dragon, il est le Big Boss de la résistance avec de grand idéo, et un profond respect pour ses hommes. Un véritable guerrier que j'ai longtemps idolâtré! À mettre sans problème aux côtés des Spartiates avec sa hache imposante. Il est à l'origine de ma scène favorite qui est monstrueusement épique. Celle du saut dans le vide avec la hache face au dragon mâle.


La cohabitation entre Quinn et Van Zan est très difficile vu que tout les oppose, mais c'est sans compter sur la superbe Izabella Scorupco pour calmer le jeu entre les deux. Sous les traits d'Alex l'actrice sans sort très bien dans un rôle féminin fort qui pas une fois fait la groupie. Une chasseuse qui en a dans le pantalon si je puis dire.


Tous les bons points énumérés sont contre-balancés par quelques mauvais point dommageables, comme avec la musique d'Éd Shearmur qui malgré quelques pistes de bravoures intéressantes n'atteint jamais le stade épique. Le Règne du feu peut aussi manquer d'émotion, étant avant tout jouer par des protagonistes froids, ce qui apporte peu de séquences dénuées de dramaturgie profonde (même si elles existent), mais c'est au moins justifié. Puis je terminerai par sa durée de vie bien trop courte, qui plus longue aurait pu encore plus développer son univers et présenter une traque de plus contre les dragons pas assez présents à mon goût.


CONCLUSION :


Le Règne du feu n'est peut-être pas le meilleur film fantastique qui soit, il n'en constitue pas moins une œuvre originale, inaccoutmée et osée. Tout est réuni pour offrir un spectacle épique avec des dragon majestueusement mis en avant avec des moments de bravoure à couper le souffle. L'ambiance pessimiste installée est due à une riche construction narrative appliquant chaque aspect de l'histoire de manière crédible. Les personnages sont charismatiquement interprétés, se conjuguant habilement avec le cadre de l'histoire.


Un film loin du conventionnel méritant d'être regardé pour cette proposition. En plus, McConaughey dans la peau de Van Zan, c'est à voir. Un bon 7 qui pourrait presque être un excellent 8.


Tout cela m'inspire plus que jamais :



Allumer le feu, allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux
Allumer le feu, allumer le feu
Et voir grandir la flamme dans vos yeux
Allumer le feu


Créée

le 23 déc. 2019

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