Veber a quand même mal vieilli. Même en 2001 et abordant le sujet d’une homosexualité qui s’autorise encore toutes les blagues (même si Rochefort, toujours bien dans son temps et en bon boloss des belles lettres en devenir, recadre Depardieu le macho), il est défraîchi et plus guère crédible dans sa représentation d’une entreprise où tout le monde semble faire semblant de travailler.
Le Placard utilise encore le refrain du grotesque mais le résultat n’est plus dans cette veine. Le François Pignon de Veber, cette fois interprété par Auteuil, tient du délit de sale gueule permanent, mais on a de la peine à voir son évolution, que le passage dans la moulinette moderne de la sexualité veut édifiante. Il est un caméléon (comme l’entend le titre russe du film), qui porte du rose soi-disant pour le cliché mais n’en tire rien d’autre qu’une leçon courue d’avance.
Je crache un peu sur les classiques, c’est vrai, mais je trouve que cette comédie à la Veber est trop confiante en elle, trop prompte à la conciliation peut-être. On préfère se ressourcer du côté d’Aumont et Rochefort ; bizarrement, ce sont les anciens qui tiennent encore le mieux la route dans ce sujet moderne.
Comme quoi faire partie de son époque n’est pas quelque chose qu’on fait en claquant des doigts ou, en l’occurrence, en coiffant Auteuil d’un préservatif, même si ce comique grotesque est encore largement fonctionnel. On ne va pas non plus nier son plaisir et les éclats réguliers suscités par Le Placard.
Quantième Art