Après deux films peu convaincants, tournés en dehors de son pays, une production britannique et une autre pour Netflix, Ritesh Batra est revenu en Inde pour Le photographe qui reprend certains motifs de son tout premier et magnifique long-métrage, The Lunchbox. C'est encore la rencontre amoureuse de deux personnages que tout oppose qui permet au cinéaste de parler du contexte social indien, avec ses cloisonnements qui ne sont pas près de disparaître, en dépit de la profonde mutation que connait le pays. Pudique et sensible, le film utilise les ressorts de la comédie romantique, comme dans The Lunchbox, avec un peu moins d'efficacité cependant, pour détourner ses clichés et tempérer une romance aux allures de conte de fées qui se heurte à une intangible réalité économique et sociale. On est loin de Bollywood évidemment et même d'un pur feel good movie car la mélancolie et une certaine amertume règnent en maître dans cette chronique qui évolue sans hâte (un vrai bonheur de voir un film qui prend son temps et qui n'ennuiera que ceux qui ont besoin de leur dose régulière d'adrénaline). Tout en délicatesse, Le photographe prend tout de même le risque de ne rien dire, faute de ne pas montrer suffisamment. Cette impression fugace ne se confirme heureusement pas car les interactions entre les différents personnages, et pas seulement les deux héros, sont nuancées par l'humour (la grand-mère) dans un environnement, la ville de Bombay, filmée amoureusement à la façon de New York par Woody Allen. Le charme du film n'est pas pénétrant mais insidieux, à l'instar de la relation amoureuse qui se noue lentement entre ses deux protagonistes principaux. Ces deux-là peuvent-ils devenir indissociables (Hindi sociables ?), la réponse appartient davantage au spectateur qu'au film lui-même, qui a la suprême élégance de ne pas se terminer par la scène mille fois attendue (connaissez-bous le Campa Cola ?) et que chacun pourra imaginer in petto.

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le 30 janv. 2020

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