Jusqu'ici, les adaptations du « Petit Nicolas » étaient de gentils divertissements, pas déplaisants mais très familiaux, assez rapidement oubliés. Changement de ressenti avec cette version animée malicieuse et beaucoup plus personnelle, où la présence d'Anne Goscinny à l'écriture et Jean-Jacques Sempé au dessin se fait immédiatement ressentir. Chaleureux, vif, pleinement dans l'esprit des œuvres originales, Amandine Fredon et Benjamon Massoubre trouvent un bel équilibre entre émouvante histoire d'amitié, processus créatif (notamment au début) et une poignée d'histoires célèbres vécues par le jeune héros.
Après, une fois qu'on a compris cela, la mécanique, aussi bien huilée soit-elle, présente un peu moins de surprises. Mais elle reste suffisamment habile pour qu'on le ressente finalement assez peu, la relation Goscinny-Sempé laissant aussi la place à un portrait personnel de chacun, laissant poindre une mélancolie, voire une souffrance en grande partie liée à leur enfance respective.
Finalement, les quelques aventures du Petit Nicolas sont surtout là pour ponctuer leurs échanges, s'intégrant harmonieusement au propos et à la logique du scénario, faisant aussi interagir le jeune garçon avec ses deux créateurs, confident de papier permettant à l'écrivain et au dessinateur de se révéler plus intimement, jusqu'à un dénouement particulièrement touchant. Une très jolie surprise, et assurément le plus bel hommage qu'on pouvait rendre à Sempé, décédé quelques mois avant la sortie du film.