Le film de Nicolas Pariser déçoit au regard de la bande-annonce qui promettait une comédie d’espionnage détonante. Quelques scènes sont sporadiquement réussies mais l’ensemble de fonctionne pas dans sa globalité. Le cinéaste manque singulièrement d’humour et échoue à trouver le ton juste.


En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin, membre de la troupe témoin direct de cet assassinat, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par une dessinatrice de bandes dessinées, Claire, il cherchera à élucider ce mystère au cours d'un voyage très mouvementé en Europe.


La comédie policière est à moitié réussie ou à moitié ratée, selon qu’on voit le verre à moitié vide ou plein. La faute à un manque de rythme. Car le film fonctionne en séquences assez longues. Certaines sont de pures affaires d’actions, d’autres relèvent du dialogue. Les séquences du train puis celle à la commission européenne sont assez réussies. Ca va assez vite et les rebondissements fonctionnent. En revanche, la scène des pâtes dans la cuisine est interminable, tombe comme un cheveux sur la soupe. Quant à la séquence en Hongrie ne fonctionne pas du tout et la fin est un peu bâclé. Peut-être la faute à un méchant pas assez pensé. Hitchcock disait que ‘plus le méchant est méchant, plus le film est réussi’. Ici effectivement, on ne voit pas assez le méchant, où il n’est pas assez oppressant.


Pariser dit s’être inspiré de Tintin. On retrouve un peu de cette univers en Vincent Lacoste au physique dégingandé et avec son pantalon large. Comme dans l’univers de Tintin, on voyage et on court beaucoup. Mais il manque l’aspect ludique des bandes dessinées d’Hergé. Pariser voudrait ancrer son film dans l’actualité et évoque pêlemêle l’Europe, la menace russe, l’extrême-droite, la diffusion de fake-news. Et ces sujets, le film en parle trop ou pas assez. Trop, car le film est un peu plombé par un esprit de sérieux. Pas assez, car on reste toujours à la surface. L’équilibre ne se fait pas. On aurait pu se passer de cette contextualisation, de cette volonté excessive (selon moi) de s’inscrire dans le contemporain. Avec son triptyque d’adaptation d’Agatha Christie (‘Mon petit doigt m’a dit’, ’Le crime est notre affaire’…), Pascal Thomas avait créé une fantaisie policière plaisante mais totalement déconnectée de l’époque, légèrement vieillot. Et ça contribuait au charme de l’histoire.


Toujours sur cet esprit de sérieux, le film voudrait évoquer la judéité, le rapport à l’héritage juif. Ainsi, le personnage de Claire revient tout juste d’Israël où elle a vécu plusieurs années et s’y est rendue pour suivre le sens de l’histoire. Ce que le film nous dit, c’est que les juifs tendent à se dissocier de cet héritage, du judaïsme, un éloignement signifié par un rapport conflictuel avec la mère. Encore une fois, c’est intéressant mais la scène casse le rythme et coupe l’action en une scène de dialogue un peu longue. Encore une fois, l’harmonie entre les deux tendances ne se fait pas.


Ce genre de fantaisie repose en partie et parfois principalement sur les acteurs. Sandrine Kiberlain est parfaite, comme toujours. On sait sa capacité à être en décalage avec la situation dans sa façon de parler ou avec son regard. Elle est impayable et a constamment le ton juste pour que son personnage soit parfaitement à côté de la plaque. En revanche, Vincent Lacoste ne m’a pas convaincu. Son talent comique est encore à démontrer et il n’est pas à la hauteur de sa consœur. Sa performance est un peu monolithique et il est un peu verrouillé, sage. Il aurait fallu un Belmondo pour en faire des tonnes, déverrouiller et livrer une interprétation mémorable.


Nicolas Pariser livre un film en demi-teinte. Certaines scènes sont réussies, certaines sont haletante, d’autres sont intéressantes. Il manque en revanche le liant, une cohérence d’ensemble qui ferait que l’ensemble se tiendrait.


Noel_Astoc
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le 26 déc. 2022

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