Le Monde de Dory
6.5
Le Monde de Dory

Long-métrage d'animation de Andrew Stanton et Angus MacLane (2016)

Le Monde de Dory. La suite du chef-d'oeuvre du même réalisateur: Le Monde de Nemo.


Après treize ans d'attente, le Pixar le plus émotionnel, le plus grandiose et le plus beau qui fait partie du panthéon des films d'animations a enfin droit à une suite (même si elle est inutile). Comment ne pas vouloir connaître les origines de Dory le poisson chirurgien qui fait partie des personnages préférés de la boîte à la petite lampe ?


Le Monde de Dory n'est clairement pas un mauvais film. On a affaire à la moyenne de ce que Pixar fait habituellement. Malheureusement, le film ne pouvait être que victime des problèmes que Pixar vit actuellement. Sans compter le fait que ce film n'était nullement attendu du fait de la conclusion intimiste et merveilleuse de son prédécesseur et que Dory a beau être attachante, elle reste une personnage secondaire qui avait déjà accomplie ce qu'elle avait à accomplir.
L'ennui en partant de ce constat, c'est qu'il part avec l'handicap qu'est sa faible ambition. Car oui, il faut le reconnaître, le but n'est pas d'être meilleur que Le Monde de Némo. La principale chose à retenir est que Le Monde de Dory n'essaye pas un minimum de l'égaler, le problème à ressentir à chaque moment du film.


Visuellement, le film ne donne quasiment aucun plan visuellement iconique. Alors qu'avec treize ans de progrès techniques, on était en droit de réclamer quelque chose qui égal la forêt de méduses ou l'aquarium des Siphonnés du Bocal. Même si ces progrès se sentent dans le graphisme que l'on voit là. L'aquarium du Grand Large étant particulièrement joli pour nos yeux. Sans parler de l'animation de Hank fluide et très bien gérée.


Pour la musique, Thomas Newman est revenu à la composition de cette suite après la Bande-Originale du premier film qui doit faire partie de son meilleur travail à ce jour.
Même si on ne retrouve que trop peu la musique larmoyante du premier film, le travail fourni d'un autre genre a le mérite de marquer l'attention durant le visionnage. A croire qu'il a repris quelques idées du dernier James Bond sur lequel il travaillait. Et le film ne démérite pas ce style, le côté "infiltration" du film s'accordant avec cette musique avec brio.
Par-contre, la chose que l'on a tous senti venir à l'écoute et qui ne passe évidemment pas: le générique de fin. Unforgettable de Sia ne passe pas du tout ! L'ambiance dégagée par cette chanson est à des années lumières de ce que le film a montré. On peut s'attendre à l'écouter dans un James Bond mais pas dans l'univers de Finding Dory !


Mais ce qui sera doux à nos oreilles dans le film le sera moins pour les doubleurs.
On retrouve Céline Monsarrat qui double Dory et Franck Dubosc qui double Marin. Et ils n'ont rien oublié de comment aussi bien incarné leur personnages treize ans après. Rien à redire dessus.
Emmanuel Jacomy est toujours aussi divertissant pour Monsieur Raie, même si son personnage en fait toujours des tonnes pour pas grand chose.
Mais ce qui a surtout retenu l'attention d'Internet ces dernières semaines, c'est le choix de doubleurs pour Destinée et Bailey. La première devant d'abord être doublée par Léa Seydoux mais fut remplacer par Mathilde Seigner. Cette dernière fait le travail mais son personnage a si peu à proposer qu'un doublage déluré aurait mieux marqué.
Et pour Bailey, le choix de Kev Adams pour le doubler avait de quoi faire peur. Même si le choix de cet humoriste part d'une idée plus que douteuse, il faut avouer qu'il n'est pas insupportable comme le consensus général a bien voulu nous le faire croire. Mais il ne donne pas une prestation extraordinaire pour autant (et quand on sait qui est derrière la voix, ça n'aide pas non plus).
Quant à Phillippe Lellouche, il donne ce qu'il faut à Hank. Un doublage à la fois rauque et cynique qui convient. Du bon travail dessus.
Mais si ce doublage est correcte, ce qui est pour les personnages ne dépasse pas ce niveau malgré quelques fulgurances.


Mais parlons de la meilleure personnage du film, il s'agit bien entendu de Dory. Si on passe sur le fait que le premier film sous-entendais déjà que ses problèmes de mémoires étaient devenus minimes, son parcours est tout à fait correct et émouvant. Elle ne devient pas insupportable à cause de ses trous de mémoire et on sent à quelle point elle se sent perdue et déboussolée à cause de son handicap. Et son but de retrouver ses parents dont elle se sent coupable de les avoir oublié la rend encore plus attachante qu'avant.


On regrettera quand même que la fin est en fait la même que dans Le Monde de Némo mais moins prenante émotionnellement car le seul parcours que Dory a accomplit, c'est sa quête et rien d'autre. Là où Le Monde de Némo donnait un parcours émotionnel similaire et un message magnifique, en plus le tout porté par chacun des personnages du film. D'autant que la scène où ses parents lui disent qu'elle peut jouer avec d'autres enfants ressemble beaucoup à la scène finale du précédent film. Dommage de ne pas en avoir fait la conclusion, ça aurait rendu le final plus fort.


Cela dit, Dory ne serait rien sans sa famille amicale: Marin et Nemo. Même si on apprécie toujours ces deux poissons clowns, le film fait face au plus gros problème donné par ces deux personnages: ils n'ont plus rien à proposer. Ils ne sont plus que deux poissons lambda secondaires.


Et quand ils arrivent au Centre Aquatique, ils ne font plus grand chose en parallèle jusqu'à ramener Becky et servir de prétexte pour le climax.


Et maintenant, les parents de Dory: Jenny et Charlie. Je les ai beaucoup apprécié. J'ai même trouvé très ingénieuse l'idée de les faire se comporter comme n'importe quels parents en charge d'un handicapé qui semblent se forcer à être heureux devant leur fille en étant fier devant elle pour finalement craindre le pire quand elle n'est pas là. Mais on regrettera quand même leur côté unidimensionnel.


Car une scène qui aurait pu tirer leur épingle du jeu c'est quand Dory les voit pleurer pour elle, mais c'est passé trop rapidement.


Destinée et Bailey étant deux personnages peu passionnants malgré l'amitié de Destinée avec Dory. Même si ce sont deux personnages qui se complètent, ils y a trop peu d'événements significatifs avec ces deux personnages pour réellement marquer.
Hank le Poulpe, lui c'est une autre paire de manche. Son caractère ainsi que sa présence sur une bonne partie du film le rendent mémorable comme il faut, il bénéficiera malheureusement de vides dans son écriture, surtout dans son objectif.


Il souhaite se retrouver confiné à Cleveland en quarantaine et pour ça, il a besoin de l'étiquette de Dory. On sait qu'il lui manque un tentacule et qu'il refuse de revenir à l'océan et...c'est tout. Voilà le problème avec ce personnage: on ne sait rien sur lui ! Nous n'avons que son tentacule manquant et ce n'est pas suffisant pour savoir à quel point il souhaite ne pas revenir à la mer. Comment peut-on mesurer l'ampleur de son revirement à la fin si on ignore quel sont les raisons qui le poussent à agir ?


Et ce n'est qu'un trou scénaristique parmi d'autres. Le film en a même beaucoup trop pour réellement investir dans son histoire.


Comment Dory, Marin et Nemo ont pu passer à côté des coquillages des parents de Dory alors qu'ils ont dû en amasser des tonnes pendant des années ? Les retrouvailles aussi faciles avec eux arrivent comme un cheveux dans la soupe après tout ces périls pour les retrouver.
Et Comment Marin a réussit à appeler Becky d'aussi loin à la fin alors qu'il a fallu plusieurs minutes pour l'appeler la première fois et qu'elle ne l'entendait pas à courte distance ? Et pourquoi les Loutres suivent Dory aussi facilement ? Et comment Bailey a pu oublier comment se servir de son sonar ?
Et aussi, entrer à Cleveland est mauvais ou bon ? Au moins le premier film avait montré dès le début qu'il serait fatal pour Nemo de rester dans l'aquarium.


Et avec tout ces trous dans l'intrigue, le film passe tout son histoire trop rapidement. Certaines péripéties sont passés trop vite.


Comme Dory qui doit affronter ses trous de mémoires dans un tunnel symboliquement sombre. Mais après elle se souvient que Destinée peut l'aider à combler cette lacune.


Et l'émotion de plusieurs scènes a du mal à prendre.


Dory qui voit ses parents pleurer pour ensuite se faire emporter par le courant en quelques secondes.
D'ailleurs, quitte à utiliser les troubles mémoriels de Dory. Pourquoi ne pas avoir fait qu'elle quitte sa famille volontairement ? Qu'elle quitte sa famille pour ne plus être un poids pour eux après avoir vu leur craquage émotionnel dû aux difficultés de s'occuper d'elle ? Vous imaginez comme ça aurait pu être fort ? Mais non, elle se fait embarquer par accident par le courant (après Le Voyage d'Arlo, ça fait un trop récurrent et c'est même fatiguant de voir aussi peu d'imagination dans l'élément déclencheur de certaines intrigues. Deux fois de suites bon sang !).


Mais tout ces défauts sont néanmoins compensés par l'animation toujours aussi chouette des Studios Pixar. L'eau en surface n'a jamais été aussi joli. Et le Centre aquatique a son charme visuellement.
Et je n'ai pas parlé des blagues qui sont de très bonnes factures sincèrement, sans parler du climax délirant. Andrew Stanton ne savait pas tellement où aller en faisant cette suite, mais on sent qu'il a compensé en faisait un film bien fun. Il y a de très bonnes idées de mise-en-scène dans le lot.


Le Monde de Dory n'est certes pas réussit comme son prédécesseur, mais du moment qu'il ne le trahis pas et qu'il fait un film acceptable en donnant au minimum ce qui faisait sa réussite, il n'y a pas de raison de ne pas l'apprécier comme une suite sympathique.

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le 19 juin 2016

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Housecoat

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