Bon, on arrête les conneries cinq minutes, on pose le joystick, on se déconnecte de Facebook, on se retient de regarder le nouvel épisode de "Game of thrones" et on balance le portable dans la cuvette des WC. Ce soir, c'est décidé, je me métamorphose en cinéphile avec un grand C, celui qui lit "Les cahiers du cinéma", celui qui chie sur le cinéma hollywoodien et qui se masturbe devant du Godard. Ah bah, ça tombe bien, Arte passe justement "Le mépris", film que je n'avais encore jamais vu parce que... bon, disons les choses clairement, en dehors de "Alphaville", Godard m'emmerde un peu. Mais ce soir, je fais un effort.

Sur le papier, autant dire que tout cela n'avait strictement aucun intérêt. Piccoli qui se demande pendant une heure s'il doit aller ou non à Capri pendant que Bardot se fout à poil à la première occasion, on a quand même vu mieux comme intrigue. Et du coup, je comprend parfaitement ceux et celles qui ne peuvent pas voir ce film en peinture. Mais allez savoir pourquoi, j'ai marché à fond. Un comble pour moi qui ne peux décemment pas saquer Bardot.

Sauf que là, je dois reconnaître que la demoiselle fait preuve d'un magnétisme ahurissant et qu'elle est dotée de la plus belle paire de miches de la galaxie, un coup à vous hypnotiser alors même que le HLM prend feu. Et que dire de ce plan tout bonnement magnifique où Godard la film entièrement nue (forcément) face camera, sur un tapis d'un blanc immaculé. J'en avais les larmes aux yeux.

Parce que voilà, on dira ce qu'on voudra mais malgré son intrigue aussi bandante qu'un épisode de "Louis la brocante" et ses dialogues sonnant aussi justes qu'une promesse d'un politicien en pleine campagne électorale, "Le mépris" reste du putain de cinéma, le genre d'oeuvre aussi fascinante que déroutante, apte à faire rêver les uns pour mieux endormir les autres. Godard rend un hommage aussi sincère qu'amoureux au cinéma et en profite pour en bousculer les codes, pour jouer avec la grammaire cinématographique jusqu'à rendre fou le spectateur.

En toute honnêteté, j'étais parti pour détester ce que l'on me rabâche depuis des années comme LE vrai cinéma, le seul et unique, celui qui vaut le coup. Manque de bol, je me suis pris au jeu et tout en conservant mon amour infini pour le pur cinoche d'exploitation, celui qui ne pense certes pas beaucoup mais qui t'offre du rêve, je suis resté bouche bée devant la classe à la française de Piccoli, devant l'attraction inattendue provoquée par BB et surtout, j'ai enfin admis du bout des lèvres que Godard était peut-être capable de me faire pleurer devant une histoire d'amour banale transformée en pure tragédie antique.

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le 8 avr. 2014

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Gand-Alf

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