Le dernier repas

Des gros riches ont payé leur repas sur l'île privée du grand chef, pour un repas de luxe, une expérience unique : ils sont une partie du menu. Vengeance du Chef, frustré de ce qu'est devenue la cuisine, loin de l'art qu'il maîtrise avec brio. Ce "eat the rich" au sens propre, commence par la comédie : c'est que riches ne sont pas très futés. Le mystère tourne autour de la nature du repas concocté par le chef, et de son contenu. Peu à peu, le comique est alimenté, au sens propre encore, par le thriller et l'horreur rappelant un peu Sans filtre. Et c'est là que le délice commence, doucement, avec du foutage de gueule amusant, et de plus en plus violent et fatal. Ça fait partie du menu, tout le show qui entoure ce repas : les récits qui décrivent chaque plats, les incidents violents qui surviennent. Une seule chose n'était pas prévue : Margot. Invitée par Tyler, qui avait prévu d'y emmener une femme qui l'a largué, il a payé Margot pour l'accompagner. Le problème que pose Margot c'est qu'elle ne fait pas partie des méchants riches. Le chef n'a pas de raison de la tuer, il n'arrête pas de lui demander à quel monde elle veut appartenir. Il est cynique, sarcastique, imperturbable, tout est prévu, il a un coup d'avance sur tout, mais pas sur elle. Toute son humanité réside là dedans, d'ailleurs, sans quoi il serait antipathique. Chaque spectateur de cette "expérience", pris au piège, est passif. Sauf l'imprévue Margot.

Le rythme est géré de telle sorte que le chef cuistot soit aussi chef d'orchestre : ses mains qui claquent comme un refrain qui ponctue chaque préparation, les cuisiniers comme les musiciens d'un orchestre, devant des gens riches et cultivés incapables d'apprécier cet art à sa juste valeur, car inculte. Son but, le chef d'œuvre (cynique, comme celui de Brad Pitt clôturant Inglourious basterds). Et dire que le chef d'œuvre de ce chef de renom, c'est un burger frites à moins de dix dollars... Comme si, alors que Mozart était programmé, on jouait à la place du Patrick Sébastien. Ce retour au classique, à la cuisine populaire, relie étonnamment The Menu à Ratatouille et à la comédie et au thriller, s'ajoutent les émotions.