Le Menu
6.2
Le Menu

Film de Mark Mylod (2022)

Le menu est l’un des mets cinématographiques de la cuvée 2022 les plus appréciables. Ce film, alliant thriller, horreur et humour noir, avec un brin de critique acerbe sociétale, remet avec brio au cœur des salles obscures un genre cinématographique bien trop peu exploité, le huit clos. Des critiques gastronomiques, des peoples sont invités par le grand chef Slowik et son équipe de cuistots pour une dégustation particulière, dans son restaurant dans une île privée, avec un menu concocté spécialement pour eux. Un élément perturbateur en la personne de Margot (Anna Taylor-Joy, parfaite dans le rôle) s’invite à la fête alors qu’elle n’était pas conviée.


Va s’ensuivre 1h40 de tortures aussi bien physiques que psychologiques, dont personne, peut-être, ne sortira indemne. Le film brille particulièrement par la tension instaurée et la superbe interprétation de Ralph Fiennes, qui campe ici un Julian Slowik réellement flippant, torturé, fou, et en même temps, avec une petite once d’humanité restante, la marque des grands méchants du 7 eme art. La grande force du film, à la manière du menu sucré/salé présenté par Slowik, c’est sa capacité à jouer sur les deux bords en même temps. D’un côté le film instaure une ambiance malsaine, certains invités sont pas spécialement des plus fréquentables, on se rend très vite compte que le psychorigide Slowik n’a pas toute sa tête, et en même temps, le film arrive à faire rire son spectateur de situations telle que la torture par son traitement humour noir. Si bien que le film est un ovni à mon sens, une sorte de comédie horrifique très réussie, avec un regard acerbe notamment sur l’art.


Sans rentrer trop dans les détails, la critique derrière le film, est une fustigation d’une certaine élite embourgeoisée qui par son argent, corrompt l’art, et dans le cas du film, corrompt l’art culinaire. Slowik vient d’une famille pauvre et dysfonctionnelle, il a commencé sa carrière à faire des hamburger dans un dîner américain. La comparaison avec le personnage de Margot fait sens, puisque les deux sont devenus les « call-girls » d’un système qui les dépasse. A travers ses exactions horribles, Slowik cherche donc à punir toute personne qui a faussé son art, et cherche également à se punir d’avoir sacrifié toute sa vie personnelle à essayer de satisfaire des gens qui finalement, ne savent pas apprécier l’art à sa juste valeur, puisqu’ils n’ont jamais connu les bas-fonds. On fustigera quelques petites convenances du genre, et un deus ex machina classique qui fonctionne bien néanmoins et qui permet au film de se terminer d’une belle et bonne manière. Assurément l’une des meilleures surprises de cette année 2022, le menu se déguste sans modération.

SpiderVelvet
9
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le 18 févr. 2023

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SpiderVelvet

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