Un dîner presque parfait
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Le Menu est un *ton film de huis-clos préféré* revisité, dans lequel j'avoue avoir mis les pieds (dans le plat) essentiellement pour le casting. Bien foutu, mais troué de partout — dans un vivier filmique peut-être pas si régulièrement ouvert : la grande, l'immense cuisine, jusqu'à l'absurde. En cette mascarade où l'esthétique doit dévorer l'éthique,
on retrouve des relents d'Östlund, d'Haneke, peut-être de Von Trier : de l'hypocrisie tire-boyaux (et du snobisme déliquescent) à la The Square, un sadisme inexpliqué et l'extase de la prise au piège (comme dans Funny Games), une surenchère de l'inhumain dans le prosaïsme (comme dans... pas mal de films de Von Trier).
Il y a tout de même une justesse intime qui permet à la violence de n'être pas qu'un sadisme abrutissant ; mais le film reste troué, car il est énigmatique sans tout à fait poser d'énigme : d'où vient cette violence ? Quelles racines vraies, viscérales, sinon celles élaborées au détour de quelques monologues didactiques ? Il y point un petit côté revenge, sans pour autant que le plan s'apparente à une architecture ahurissante de calcul ; on assiste à de vagues tirades sur le lien à la nature et les rapports givers-takers (ô combien parlants aujourd'hui) sans que s'y bâtisse de plus amples ou radicales résonnances ; un combat de classe y vrombit, sans qu'on sache très bien vers où il va.
À mon goût, Anya Taylor-Joy et Ralph Fiennes sont sous-employés : sur le registre de perversion, les deux savent y faire — or iels sont dirigé·e·s là de manière curieusement timorée, pas tout à fait à la mesure du canevas. Le grand-œuvre au noir, à jouer entre le rire jaune et les délices éternels et la peur de la mort, manque aussi d'une proposition scénique plus surprenante.
Un petit manque d'audace et de finesse, donc, dans ce festin qui, par le menu, enlève quelques plumes de plus à la "classe nuisible" mais oublie un peu de laisser un mot derrière lui.
Créée
le 13 déc. 2022
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