Daniels aurait mieux fait de rester au lit

« L’expérience africaine-américaine ne peut être exprimée que par un Africain-Américain », Lee Daniels dans un entretien au magazine Première.
Comme je l’avais déjà exprimé dans un statut il y a quelques temps, cette déclaration avait amplifié ma non volonté d’aller voir Le Majordome. Mais bon, en plein après-midi, essayer de traiter une question des relations entre déconcentration et décentralisation, ça gave rapidement, du coup j’ai fait l’effort de marcher 5 minutes pour aller me détendre dans une salle obscure. Reste que je voulais aussi tester mon flair anticipatoire quasiment infaillible en tentant le coup avec ce film… faut dire aussi, qu’en ce moment c’est plutôt le désert question sortie cinéma.


Comme le titre du film nous l’indique bien, on suit ici la vie de Cecil Gaines, Incarné par un Forrest qui lui ne cours jamais, qui fut majordome à la maison blanche sous plusieurs présidents. Ainsi la vie de ce personnage est l’occasion pour Daniels de faire une rapide rétrospective du mouvement des droits civils en faveur de la communauté noir en parallèle de l’évolution de sa vie de famille ; mouvementée et mise en opposition à sa deuxième famille qu’est la maison blanche. Un des points qui m’a d’ailleurs déçu en parlant de majordome, c’est que sa fonction est en fait clairement mise au second plan, on apprend rien de très transcendant, la faible lutte pour les mêmes droits que les travailleurs blancs n’apporte rien, et les scènes avec les présidents (mon dieu Eisenhower…) sont plus anecdotiques qu’autre chose. Du coup avoir nommé son film le majordome est quelque peu abscons…


Certes, revenir sur l’histoire de la lutte pour les mêmes droits civiques aurait pu être intéressant, si cela n’a déjà pas été fait, le problème c’est qu’ici on est vraiment en face d’un film terre à terre au possible, lisse et plat comme mon bureau, sans aucune saveur, et il faut bien le dire, on se fait tout de même bien chier pendant le film, à suivre la vie de ce brave majordome.


Mais le plus grave dans ce film, c’est que Daniels, avec ses grosses moufles, y est allé franco en ce qui concerne le côté triste ou dramatique de la vie de cet américain. En effet on a le droit à une dose ahurissante de pathos de bas étage, dès qu’il y a un mort, un évènement dramatique, bam qu’on te balance une musique bien larmoyante, au cas où le spectateur trop bête ne comprenne pas que ce qu’il a devant les yeux doit le faire réagir…


On ne nous a pas non plus épargné des scènes assez idiotes. Notamment une excellente dose de duel de misérabilisme, avec ce fameux passage : « On nous parle des camps de concentration, mais on en a depuis 200 ans ici » (ça doit être à peu près ça), mon dieu j’ai cru tomber de mon fauteuil en entendant ceci.
J’ai aussi été abasourdi par des scènes de la fin à propos d’Obama, comme si son élection était une chose magnifique et que cela a été l’aboutissement de la lutte pour l’égalité entre noirs et blancs. Faudrait juste dire à tous ces idiots que l’élection d’Obama n’a rien changé, mais ça c’est un autre problème…


En conclusion, en gros, un film qui s’adresse à la ménagère de TF1, ou aux personnes pas très difficiles…
Considéré comme un film à Oscar, sans doute, mais le qualificatif de mauvais devant Oscar collerait bien mieux au majordome…

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le 24 sept. 2013

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