Le Lauréat par klauskinski
Un an seulement après le scandale Virginia Woolf, Mike Nichols lance un deuxième pavé dans la mare que constitue l'Amérique des 60's avec ce Lauréat, qui deviendra le film culte de toute une génération. L'incroyable scène d'ouverture parvient à faire ressentir physiquement au spectateur le malaise de Ben par la force visuelle et sonore de la mise en scène de Nichols. Le vague à l'âme du héros face à la furie de l'oppression sociale, la justesse dans la retranscription de la vacuité d'un été où il doit décider de son avenir, l'extraordinaire talent comique déployé par Dustin Hoffman ainsi que son côté M. Tout-le-monde, les passages musicaux signés Simon and Garfunkel, expliquent aisément la fascination immédiate du film auprès d'une jeunesse américaine en pleine rébellion contre toute forme d'autorité. Dans la deuxième partie, Nichols insinue la violence grâce à quelques séquences incroyablement virtuoses, et le malaise social teinté de conflit générationnel se mue en dilemme moral, le jeune héros se trouvant placé devant un cas de conscience insoluble. Le film ne tiendra pas toutes ses promesses, notamment parce que le réalisateur choisit d'esquiver, lors d'une fin qui ne manque pas d'un certain panache-facile, il est vrai- le problème soulevé plutôt que de l'affronter.