Intéressant mais décevant.
L'intrigue principale est intéressante. Mais le scénario m'a paru un peu maladroit. Par exemple, le film ne démarre que trop tardivement, après une très longue exposition des deux personnages principaux. Présenter l'assassin, pourquoi pas, mais c'est un peu long. Quant au juge, j'aurais préféré le découvrir au fil de l'interrogatoire et non pas avant : on aurait gagné du temps.
Le récit avance de manière inégale. Par moment, l'auteur se répète, remet une couche sur certaines choses évidentes, et puis à d'autres il décide d'ellipser le moment où l'on progresse, c'est alors un personnage qui vient faire remarquer au spectateur, de manière plus ou moins subtile, que le temps a passé. Ce dernier point est une technique courante, mais ici je l'ai trouvée inopportune.
Le juge et l'assassin font eux-mêmes tout l'intérêt du film. Leurs échanges sont passionnants mais souvent trop courts. J'aurais bien aimé que ça occupe plus de place. Les personnages secondaires sont également intéressants, mais prennent peut-être trop de place par rapport aux principaux (même s'ils sont importants, surtout pour mieux comprendre le juge).
J'ai trouvé que la fin tirait en longueur aussi. Et que le texte final manquait un peu de finesse. On comprend le lien avec le reste du film, ce n'est pas inutile non plus... mais était-ce vraiment nécessaire de le préciser ? Ça donne l'impression que le réalisateur n'était pas sûr que son public comprendrait où il voulait en venir. Comme si, HItchcock, à la fin de la séquence du tunnel de "North by Northwest", apparaissait pour faire un petit clin d’œil accompagné d'un geste simple : l'index tendu de la main droite qui s'enfonce dans le poing fermé de la main gauche...
La mise en scène est sobre mais efficace. Même si Tavernier ne semble pas être très intéressé par l'esthétique, il reste quelques jolis plans. L'on remarquera aussi la reconstitution crédible de l'époque. Et enfin les acteurs qui sont très bons. Je n'imaginais pas Galabru dans un tel rôle (pourtant j'étais au courant qu'il avait fait quelques bons films dans toute sa carrière) : ce qui m'a le plus étonné, c'est qu'il ait conservé sa manière de parler et que cela serve même le personnage (des intonations qui montent et qui descendent de manière imprévisible). Noiret est impeccable.
Il y a Huppert aussi que je n'attendais vraiment pas. Qu'est-ce qu'elle était belle dis donc ! Ne vous méprenez pas, je la trouve toujours séduisante, mais son visage s'est fort durci. Je me suis d'ailleurs dit en voyant le film que pour avoir perdu toute sa douceur, elle avait dû se faire opérer au visage, peut-être pour l'affiner. Et bien non, pas du tout ; ce doit être sa peau qui est moins douce, je ne sais pas. En tous cas, dans ce film, elle est belle et fraîche (alors que maintenant c'est une MILF exquise).
Bref, "Le Juge et l'Assassin" est un film qui aurait pu être mieux, surtout en se concentrant et en développant davantage la relation entre ces deux personnages si singuliers.