In texto veritas

Beaucoup de spectateurs semblent s’être insurgés du fait que « Le Jeu » est simplement le remake français d’un film italien sorti en 2016 (que je n’ai pas vu). Certes, mais il faut avouer que l’idée de base est aussi simple que moderne, et facilement déclinable dans toutes les cultures. Preuve en est, il n’y a pas que les Français qui s’y sont mis, le film italien ayant été repris pas moins d’une bonne quinzaine de fois. A tel point que cela lui a valu une entrée dans le Guinness des records, comme film le plus remaké !

On s’intéresse donc à un groupe de 7 amis, réunis pour un dîner. Ils décident de faire un jeu : chacun laisse son portable sur la table, et doit montrer ses messages à tout le monde, ou décrocher son téléphone sur haut-parleur s’il sonne. Un jeu de la vérité qui s’avèrera bien cruel.

Je dois avouer que j’avais assez peur de voir une énième comédie dramatique anecdotique sur le train-train des bourgeois parisiens. Reprenant le concept du « Prénom » et autres films théâtraux similaires. Clairement il y a de ça. Il y a aussi le fait qu’évidemment, la dynamique est artificielle, l’intrigue étant régulièrement relancée par des portables qui sonnent.

Néanmoins le film est plaisant à suivre. Les « secrets » révélés ne se limitant pas à de simples adultères, avec d’ailleurs quelques moments touchants. Et les téléphones en eux-mêmes étant bien exploités par le récit. Le tout servi par des comédiens expérimentés (qui ont du sifflé tout le budget, les intérieurs étant limités !).

Sur le fond, le film aborde par ailleurs deux thématiques pertinentes. La première : qu’on le veuille ou non, le smartphone constitue aujourd’hui le jardin secret de chacun. Même quand on pense ne rien avoir à cacher, la concentration de vie privée dans cet objet est telle que cela vient forcément exploser à la figure lorsqu’il est ouvert à tous.

La seconde : les mensonges, petits ou gros, peuvent être nécessaires pour maintenir la paix sociale ou la stabilité d’un groupe d’amis. A ce niveau, plusieurs spectateurs ont pointé la fin du film, qui pour eux n’assumait pas son propos. Je l’ai trouvé au contraire cynique et raccord avec le message du film.