Un dragon, j'en ai pas vu un de ma vie. Un vrai, je veux dire, un qui crache, un qui dévaste, un qui fait pleurer les femmes, trembler les hommes.
Quand j'étais pas plus haut que les potirons du jardin des Touque, le magicien nous amusait avec ces feux d'artifices et le dragon avait un franc succès. Il s'envolait, majestueux, ses ailes couvraient la lune pleine et soudain, c'était comme si la nuit réelle, cauchemardesque, froide et terrifiante, nappait tout le pays. Il restait là, comme suspendu à une corde, puis dans un mouvement où on sentait sourdre la menace, la promesse d'un feu de lave qui vous laisse de cendres.
J'aurais jamais imaginé qu'il en existe vraiment. Ni les Trolls, ni les araignées géantes, ni des montagnes qui se foutent sur la gueule et plus j'y pense, plus je me dis qu'il y a de quoi, déjà, écrire un livre.
Et, en plus, j'ai trouvé une bague jolie comme tout que je garde précieusement.

Pourtant si j'avais la cuisse assez légère et la patte plus véloce, sûr que je prendrais ma lâcheté à deux mains et mes jambes à mon cou. Au détour d'un malentendu, la nuit en catimini quand ça ronfle en canon, et si seulement j'avais l'ombre d'une idée de la route du retour, je me cavalerais sans tarder jusqu'à la Comté.
Retrouver mes pénates, mon petit trou tout doux et oublier prestement cette mésaventure après l'avoir couchée sur du papier.

Mes compagnons sont charmants, mais, pour tout dire, terriblement embarrassants. C'est à croire qu'en plus de l'extrême laideur de leur engeance, il fallait qu'ils ajoutent un sans-gêne, mes amis, à faire pâlir un zaïrois.
Les mecs ne se sentent plus pisser et il y en a même un, celui qui ressemble à Hanouna, qui se prend pour le roi. Le genre à te regarder de traviole même quand c'est pas à toi qu'il parle, hautain comme s'il vivait dans un arbre, un comble pour un nain.

Me croiriez-vous si j'osais poukave ces horreurs sur pattes, n'hésitant pas à s'oindre mutuellement leurs corps de lâches pour pas risquer l'hydrocution et à tremper, guillerets, leurs joufflus dans l'eau de la claire fontaine ? Pauvre Fondcombe. Pauvre Elrond, qui a pourtant les oreilles pointues, souriait en les regardant. Vous savez, ce sourire qui veut dire, je vais les défoncer pas plus tard que tout de suite.
Les Monts Brumeux souillés par treize nabots.

Un jour que le magicien et moi étions en tête à ventre à papoter comme de vieilles copines, j'ai bien tenté de glisser que j'étais triskaidékaphobe mais cet antique trognon a fait la sourde oreille. En même temps, il est tellement ancien que je ne sais pas si ça entend encore, à son âge. Et même en parlant fort, un nombril reste un nombril.

Pas plus tard qu'hier soir, allongés sur nos paillasses mitoyennes, pendant qu'il cherchait à réchauffer son vieux corps en se frottant contre mon pauvre dos , il m'a soufflé qu'un peu plus tôt, il avait surpris une triplette de ces porcs, l’œil lubrique et la langue pendant hors de leurs bouches, montrant leurs quiques à une Galadriel intéressée qui en avait pourtant vu d'autres. Des vertes et des pas dures.
« On aurait dit des petits bouts de bois taillés » hoqueta-t-il en s'endormant dans un dernier spasme, essoufflé, contre mon flanc endolori alors que j'essayais de trouver le repos, l'échine brisée par une disgrâce de plus.

Pauvre Gandalf, le gris picole tellement qu'il est bleu et, n'y voyez pas malice mais, qu'Eredor s'effondre si mes mots ne sont pas la vérité, il pue de l'haleine comme un Balrog. C'est une infection, comme si y avait des bouts qui puent dans l'air, et qu'ils passaient pas par les narines.
Je ne vais pas lui jeter de la terre car, quand il est question de s'enluminer la trogne, les petits hommes non plus ne sont pas les derniers. Mais son hygiène bucco-dentaire laisse à désirer.

Quand ça picole, les nains, ça chante des chansons.
Il y en a une qui tournait à m'en donner le vertige. J'en étais l'inspiration et les couplets tisons, jamais je ne pourrai les oublier.

♫♫
Bilbo gay, bilboquet
D'une ficelle et d'un bâton
Bilbo gay, bilboquet
Carabistouille dans le girond
Dans la vallée quand vient l'ennui
Il faut jouer quand vient la nuit
Fais pas ta flûte mon Bilbo gay
Tu seras la boule du bilboquet...

L'humiliation permanente que l'herbe à pipe soulage heureusement, car, si j'avais pas le bédo, je ne vois pas comment je pourrais supporter ces conneries.
DjeeVanCleef
6
Écrit par

Créée

le 16 nov. 2014

Critique lue 838 fois

43 j'aime

7 commentaires

DjeeVanCleef

Écrit par

Critique lue 838 fois

43
7

D'autres avis sur Le Hobbit : La Désolation de Smaug

Le Hobbit : La Désolation de Smaug
VGM
7

La désolation du fanboy

Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson est et restera une de mes plus grandes expériences ciné ever. C'est la trilogie que je revois minimum une fois par an depuis 2003, date de sortie du dernier...

Par

le 13 déc. 2013

115 j'aime

53

Le Hobbit : La Désolation de Smaug
Hypérion
5

Le Hobbit : Les deux désastres

En fait je le sentais venir. Ce moment où le charme allait être rompu. Inconsciemment, je repoussais le jour où j'allais me rendre dans une salle de cinéma pour voir cette suite dont les affiches de...

le 27 janv. 2014

97 j'aime

14

Du même critique

Retour vers le futur
DjeeVanCleef
10

Là où on va, on n'a pas besoin de route !

J'adore "Retour vers le futur" et j'adore le couscous. C'est pas faute d'en avoir mangé, mais j'adore, ça me ramène à une autre époque, une époque où j'avais empruntée la VHS à Stéphane Renouf -...

le 22 mai 2013

204 j'aime

32

Les Fils de l'homme
DjeeVanCleef
10

L'évangile selon Thélonius.

2027, un monde où les enfants ne naissent plus, comme une malédiction du Tout-Puissant, un courroux divin. Un monde qui s'écroule sous les coups des intégrismes de tous poils, où seule, la Grande...

le 26 juil. 2013

194 j'aime

36

Rambo
DjeeVanCleef
9

La chasse.

Welcome to Hope. Ses lacs, ses montagnes et Will Teasle son Shérif. Plutôt facile de faire régner l'ordre par ici, serrer des pognes et éviter les embrouilles. Par exemple, escorter cet intrus, ce...

le 13 mai 2013

181 j'aime

46