Un tantinet déçu par "Le Hobbit: Un voyage inattendu" (déception revue à la baisse après trois visionnages), j'avais commis le geste fou de ne pas me déplacer pour aller voir sa suite, "La désolation de Smaug". Oui, moi le fan incontournable de PJ, qui rêve de se réincarner en Feeble et qui a baptisé ses gros pieds velus Peter et Jackson, je n'ai même pas daigné bouger mon joli p'tit cul pour soutenir le barbu. Pour citer une future ex-taularde: "Non mais allô, queuwa !". Une décision insensée qui poussa mes proches à s'inquiéter pour ma santé mentale, mes chats à copuler frénétiquement (et sans capotes) pendant que mes caleçons Violetta prenaient feu sans raison apparente. Je répare donc cette folie ce soir, faisant amende honorable par le biais d'une version longue bluray 3D. Si c'est pas du repentir, ça...

Suite directe d'un premier volet casse-gueule dont on reprochait surtout sa tendance à avoir le cul entre deux chaises, "La désolation de Smaug" permet de rendre les intentions de Peter Jackson bien plus limpide. Il est désormais clair que le cinéaste souhaite prendre ses distances avec le matériau de base (le bouquin pour enfants de Tolkien, pour les deux cancres qui se curent le nez dans le fond), et de piocher dans les divers textes de Tolkien pour ainsi revisiter son ancienne trilogie, comme le faisait déjà l'auteur avec ses propres récits.

Une approche comme une autre et ici plus claire mais qui n'en rend pas le film forcément meilleur, les ajouts ou retouches de Jackson alourdissant l'intrigue plus qu'elle ne l'enrichit. A cela s'ajoutent les mêmes défauts de l'épisode précédent, c'est à dire d'énormes longueurs (le passage à LakeTown est interminable), un abus de l'outil numérique (certaines incrustations piquent les yeux) et une absence à la fois de magie (on tape finalement dans un récit plus adulte que prévu) et de la puissance lyrique d'un "Seigneur des anneaux", puisque l'on s'appuie quand même un peu sur un court roman pour kids.

Pour autant, "La désolation de Smaug" reste un divertissement de bonne tenue et plus qu'agréable, proposant son lot de séquences réjouissantes et spectaculaires (les combats avec les elfes, la traversée de la vieille forêt, la descente en tonneaux...), culminant lors de l'affrontement contre Smaug, créature de feu et de cauchemar superbement recréée par la magie des effets spéciaux (et par l'interprétation en performance capture de Benedict Cumberbatch), peut-être le dragon le plus badass depuis celui du Lac de feu.

A l'instar de son pote Spielberg sur "Le secret de la Licorne", Peter Jackson semble s'éclater comme un fou et fait preuve d'un enthousiasme juvénile dans sa mise en scène, compensant les faiblesses de son film par une facture technique pratiquement irréprochable à défaut d'être révolutionnaire, à l'image d'une stéréoscopie dispensable mais utilisée avec efficacité.

Handicapé par sa nature d'épisode transitoire et par les même scories que son prédécesseur, "La désolation de Smaug" fait cependant le boulot et laisse même entrevoir quelques fulgurances, donnant envie de découvrir la fin d'une histoire finalement bien éloignée du "Hobbit" originel, annonçant avec fracas le chaos à venir.

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le 13 nov. 2014

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Gand-Alf

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