Michele Placido, vous savez, celui qui a réalisé l'excellent « Romanzo Criminale » ? Ba c'est le même. Il me paraissait important de préciser, car vous auriez pu croire qu'il s'agissait d'un pseudo tant il est proprement impossible de reconnaître une fraction de seconde la patte du metteur en scène. Après une scène d'ouverture lourdingue mais à peu près potable (comparé au reste du film en tout cas), nous voilà plongés dans un thriller abracadabrantesque et souvent incompréhensible, où chaque plan semble peser huit tonnes. En effet, Placido a pour l'occasion décidé de laisser la subtilité en Italie pour nous offrir un polar avec des « vrais mecs », sans pour autant leur donner la moindre consistance. L'intérêt est en conséquent rapidement proche du néant, plus du niveau d'un médiocre téléfilm estampillé TF1 que de l'hommage brillant à Jean-Pierre Melville que le réalisateur semble parfois évoquer. Et puis franchement, nous retrouver dans une invraisemblable poursuite au serial-killer vraiment très très méchant et très très pervers sans la moindre raison aux deux-tiers, ce n'est juste pas possible et montre bien à quel point les énormes défaillances ont été collectives pour ce résultat ne ressemblant strictement à rien. Un homme toutefois à sauver du naufrage : Mathieu Kassovitz, impeccable dans le seul rôle à peu près correct de l'œuvre, tireur d'élite mystérieux et solitaire aux légers airs de déjà-vu, mais plutôt séduisant. Bref, si « Le Guetteur » promettait sur le papier un thriller explosif, brillamment réalisé et porté par un trio au sommet de son talent, celui-ci s'apparente plus à un nanar de compét' qu'à un sommet du genre : c'est bien triste...